Sikorsky, filiale de Lockheed Martin, présente Nomad, une nouvelle gamme de drones VTOL (décollage et atterrissage verticaux). Modulables, autonomes grâce au logiciel MATRIX et indépendants des pistes, ces aéronefs sont conçus pour des missions variées, de la reconnaissance à la logistique en environnement contesté, répondant aux nouveaux besoins stratégiques de l'armée américaine.

Dans un contexte géopolitique où la rapidité et la dispersion des forces deviennent des atouts stratégiques majeurs, la dépendance aux longues pistes en béton apparaît de plus en plus comme un talon d'Achille.

Des concepts comme l'Agile Combat Employment (ACE) de l'US Air Force soulignent ce besoin urgent de pouvoir opérer depuis des sites austères et improvisés.

C'est précisément pour combler ce vide capacitaire que Lockheed Martin, via sa filiale Sikorsky, vient de lever le voile sur un projet ambitieux avec le drone Nomad.

Une plateforme, plusieurs échelles : la modularité au cœur du concept

Plutôt qu'un drone unique, Nomad se présente comme une véritable gamme d'aéronefs. La véritable force du projet Nomad réside dans son concept de famille de systèmes, dont la taille peut être adaptée aux besoins spécifiques de la mission.

L'échelle varie d'un drone tactique de taille moyenne (Groupe 3, de 25 à 600 kg) jusqu'à un appareil dont l'empreinte au sol est comparable à celle d'un hélicoptère Black Hawk (Groupe 4/5, plus de 600 kg).

La technologie clé est celle du "rotor blown wing" (aile soufflée par rotor), qui combine la manœuvrabilité d'un hélicoptère pour le décollage et atterrissage verticaux (VTOL) avec la vitesse et l'endurance d'un avion à voilure fixe pour le vol de croisière.

Après le succès des tests en vol du prototype Nomad 50, Sikorsky se concentre désormais sur la fabrication du Nomad 100, un modèle de Groupe 3 dont le premier vol est attendu dans les prochains mois.

Quel est le cerveau derrière l'autonomie du Nomad ?

L'autonomie est la pierre angulaire du programme Nomad. Au cœur de cette polyvalence se trouve le logiciel MATRIX, une plateforme d'autonomie développée par Sikorsky en collaboration avec la DARPA, l'agence de recherche et développement du Pentagone. Ce système à architecture ouverte permet une intégration fluide avec d'autres aéronefs, qu'ils soient à voilure tournante ou fixe.

Le système MATRIX a déjà fait ses preuves dans des applications concrètes telles que la lutte contre les incendies ou le ravitaillement autonome, démontrant sa fiabilité.

Côté propulsion, la famille Nomad adopte une approche pragmatique : les variantes plus petites sont équipées de motorisations hybrides-électriques pour une efficacité maximale, tandis que les modèles les plus imposants s'appuient sur des groupes motopropulseurs conventionnels pour garantir la puissance nécessaire.

Des applications militaires aux usages civils

Sikorsky positionne le Nomad pour une multitude de missions, de la reconnaissance à la logistique contestée, en passant par l'attaque légère. Pour l'armée américaine, un drone de Groupe 3 pourrait par exemple assumer les missions autrefois dévolues à la flotte des drones RQ-7 Shadow, tandis qu'une version de Groupe 4 pourrait se mesurer aux capacités du MQ-1 Gray Eagle.

Mais le champ des possibles ne s'arrête pas là. La capacité d'opérer depuis des navires sans piste d'envol ouvre des perspectives pour la Marine et les Marines, notamment pour la patrouille maritime.

En plus du secteur de la défense, des applications civiles sont tout à fait envisageables, comme le soutien aux opérations humanitaires ou la surveillance et la lutte contre les feux de forêt.

Le véritable test sera désormais l'intérêt concret des services armés, qui déterminera si l'audacieuse vision de Sikorsky passera du stade de démonstrateur à celui de programme d'envergure.