La start-up allemande Stark Defence, soutenue par des investisseurs de premier plan dont Peter Thiel, a subi un revers majeur.

Ses drones kamikazes Virtus ont échoué à atteindre la moindre cible lors d'essais cruciaux avec les armées allemande et britannique, soulevant des doutes sur sa technologie malgré une valorisation à 500 millions de dollars.

Une débâcle en conditions réelles

Les essais menés en octobre 2025 se sont soldés par un échec complet pour Stark Defence, rapporte le Financial Times. Lors de deux exercices distincts, l'un avec l'armée britannique au Kenya (opération "Haraka Storm") et l'autre avec la Bundeswehr près de Munster en Allemagne, les drones Virtus ont manqué leurs quatre tentatives de frappe.

Stark Defence 02

Les incidents rapportés font état d'une fiabilité opérationnelle quasi nulle. En Allemagne, devant un parterre de militaires et d'industriels, un appareil a totalement échappé au contrôle avant de s'écraser. Au Kenya, la batterie d'un autre drone a pris feu à l'impact, après avoir raté sa cible.

La pression du "Venture Capital" face à la réalité du combat

Ce fiasco public est particulièrement embarrassant pour une entreprise fondée il y a à peine 15 mois et déjà valorisée à 500 millions de dollars. Stark a levé 100 millions de dollars au total, bénéficiant du soutien de géants comme Peter Thiel (Thiel Capital), Sequoia Capital et même le Fonds d'innovation de l'OTAN.

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Drone Virtus de Stark

L'entreprise se positionnait comme une réponse européenne à des succès américains tels qu'Anduril (également financé par Thiel). Les drones Virtus étaient commercialisés comme des systèmes avancés (VTOL, 5kg d'ogive, 100km de portée) dotés d'une IA de reconnaissance de cible.

Face à la débâcle, la start-up admet les difficultés, affirmant avoir "échoué une centaine de fois" dans le cadre de son processus de R&D, soulignant qu'elle livre déjà des technologies sur le front ukrainien.

Un concurrent direct et un contrat à 300M€ en jeu

L'échec de Stark est d'autant plus cuisant qu'il contraste fortement avec la performance de son concurrent direct, Helsing. Lors des mêmes essais, le drone HX-2 de Helsing aurait, lui, réussi 5 frappes sur 5 au Kenya et 17 en Allemagne, démontrant une fiabilité bien supérieure.

Stark Defence drone Virtus 02

Drone Virtus de Stark

L'enjeu est colossal. Stark, Helsing et le géant Rheinmetall ont été provisoirement sélectionnés pour un contrat allemand de 300 millions d'euros. Ce contrat vise à fournir jusqu'à 12 000 drones kamikazes pour équiper une nouvelle brigade allemande stationnée en Lituanie, renforçant ainsi le flanc Est de l'OTAN.

Ces piètres performances remettent en question la viabilité de Stark pour cet accord majeur, qui reste suspendu à l'approbation du Parlement et aux résultats des essais.

Le nouvel élan européen pour la défense, avec des budgets en hausse, attire de nombreux nouveaux entrants, mais cet incident rappelle brutalement que la valorisation financière ne garantit pas l'efficacité sur le champ de bataille.

Source : Financial Times