Bernard Fontana n'a pas tourné autour du pot lors de la conférence Adopt AI à Paris. Alors que le plan initial prévoyait une cession partielle, le directeur général d'EDF a surpris les observateurs en affirmant que tout est sur la table.

L'entreprise évalue désormais la possibilité de vendre jusqu'à 100% de sa filiale verte outre-Atlantique. Ce n'est plus un simple ajustement comptable, c'est une révision majeure de la feuille de route du groupe, dictée par l'urgence financière et industrielle.

Pourquoi se séparer d'une filiale aussi rentable maintenant ?

Le calcul est purement pragmatique. La branche américaine spécialisée dans les énergies renouvelables représente un trésor de guerre estimé à plusieurs milliards. En cédant la totalité des parts, plutôt qu'une minorité, EDF espère maximiser l'entrée de cash frais. On parle ici d'une valorisation des fonds propres qui pourrait avoisiner les 4 milliards d'euros.

EDF nucléaire

Cette manne est indispensable pour un groupe lesté par une dette nette colossale de 50 milliards d'euros. Il faut faire des choix douloureux. Vendre les actifs éoliens et solaires américains permet de dégager des liquidités immédiates sans s'endetter davantage sur les marchés financiers.

Le nucléaire français a-t-il siphonné toute la stratégie ?

La réponse est clairement oui. Le mandat de la nouvelle direction est drastique : la priorité absolue est le renforcement et la modernisation du parc nucléaire domestique. Entre la prolongation de la durée de vie des réacteurs existants et le chantier titanesque des six nouveaux EPR, les besoins en financement sont vertigineux. La France veut retrouver sa souveraineté électrique, et cela a un prix.

Smartflower edf

Ce recentrage sur l'hexagone oblige à réduire la voilure à l'international. Les investissements doivent servir la sécurité énergétique du pays avant tout, quitte à sacrifier des positions fortes à l'étranger. C'est le retour de l'État stratège qui dicte sa loi.

Est-ce aussi une fuite face au marché américain ?

Il ne faut pas négliger le contexte politique. Investir aux États-Unis devient plus risqué avec les incertitudes planant sur le soutien aux énergies vertes, notamment depuis le retour de Donald Trump. EDF a déjà subi des revers, comme cette dépréciation massive de 900 millions d'euros sur un projet éolien offshore dans le New Jersey.

En se retirant maintenant, EDF valide ses gains et évite de futurs maux de tête réglementaires. C'est une décision de "bon père de famille" qui préfère tenir un actif sûr chez lui que deux potentiels à l'autre bout du monde. Le groupe se recentre sur ce qu'il maîtrise le mieux : l'atome en Europe.

Foire Aux Questions (FAQ)

 

Combien pourrait rapporter cette vente à EDF ?


Les estimations financières sont significatives. Selon des sources proches du dossier citées par Bloomberg, une participation minoritaire valait déjà 2 milliards. La vente de la totalité de la filiale pourrait donc valoriser les fonds propres autour de 4 milliards d'euros (environ 4,6 milliards de dollars).

Est-ce que cela signifie qu'EDF abandonne les énergies renouvelables ?


Non, pas globalement, mais le groupe fait un arbitrage géographique drastique. EDF continue de développer des énergies vertes, mais la priorité des investissements lourds est réallouée vers le nucléaire français, jugé plus critique pour l'avenir énergétique et l'indépendance de la France.

Quand la décision finale sera-t-elle prise ?


Pour l'instant, Bernard Fontana parle d'une "évaluation" de la possibilité de vendre. Aucune date butoir n'a été officialisée, mais le fait d'évoquer publiquement une cession à 100% indique que les discussions en interne sont déjà très avancées et que le processus pourrait s'accélérer rapidement.