Le traditionnel coup de tampon sur les passeports des voyageurs entrant dans l'espace Schengen vit ses dernières heures. L'Union européenne lance son nouveau système de contrôle automatisé, baptisé EES (Entry/Exit System). Cette mesure concerne tous les ressortissants de pays non-membres de l'UE pour des séjours courts, qui devront désormais fournir leurs informations personnelles, une photo et leurs empreintes digitales pour franchir les frontières.
En quoi consiste concrètement ce nouveau système EES ?
Ce dispositif automatisé remplace le tamponnage manuel et repose sur la collecte de données biométriques lors de la première entrée dans l’espace Schengen. Concrètement, le voyageur devra faire scanner son passeport, se faire photographier et enregistrer ses empreintes digitales via des bornes ou des tablettes.
L'ambition est claire : moderniser les vérifications, mieux identifier les personnes qui dépassent la durée de séjour autorisée de trois mois et garantir une sécurité renforcée en luttant plus efficacement contre la fraude à l'identité et l'immigration irrégulière. Pour les voyages suivants, une simple vérification biométrique suffira, fluidifiant en théorie les passages.
Comment va se dérouler la mise en place ?
Face au défi logistique que représente ce changement, notamment pour des destinations touristiques majeures comme la France, la prudence est de mise. Le maître-mot de cette transition est donc un déploiement progressif étalé sur environ six mois. La France, par exemple, a déjà repoussé l'échéance à plusieurs reprises, notamment après la Coupe du monde de rugby et les Jeux Olympiques de 2024.
Dans un premier temps, la réglementation européenne n'impose d'activer le dispositif que sur un seul point de passage et la collecte des données biométriques sera même facultative durant les deux premiers mois. L'objectif est clair : éviter une paralysie logistique et de gigantesques files d'attente dans les gares et aéroports.
Quelles sont les principales craintes liées à ce changement ?
La crainte principale, partagée par les compagnies aériennes et les gestionnaires de points de passage frontaliers, reste l'allongement des temps de contrôle. Si les grands aéroports peuvent s'appuyer sur des sociétés privées pour orienter les flux, les plus petites infrastructures, comme à Nantes ou Beauvais, pourraient rapidement être saturées par manque de personnel et d'équipements adaptés.
Le cas de la frontière avec le Royaume-Uni est particulièrement scruté, avec des contrôles qui s'effectueront désormais avant même la traversée de la Manche. Face à ces risques, le ministère de l'Intérieur français a déjà prévu une soupape de sécurité : en cas d'attente jugée trop importante, le système EES pourra être temporairement suspendu pour revenir aux contrôles préexistants.