Plus d'un siècle après la publication de la théorie de la relativité restreinte d'Albert Einstein, ils ont réussi à capturer la toute première image d'un de ses effets les plus contre-intuitifs : la rotation apparente d'un objet filant à une vitesse proche de celle de la lumière. Une expérience fascinante qui transforme une équation abstraite en une image concrète.

Qu'est-ce que l'effet Terrell-Penrose et pourquoi est-il contre-intuitif ?

Contrairement à une idée reçue, un objet se déplaçant à une vitesse proche de celle de la lumière ne nous apparaîtrait pas simplement "aplati" dans le sens du mouvement (la fameuse contraction de Lorentz). Dès 1959, les physiciens James Terrell et Roger Penrose avaient prédit un phénomène bien plus étrange : l'effet Terrell-Penrose. À cause du temps de trajet différent de la lumière provenant des diverses parties de l'objet, notre cerveau reconstruirait une image qui donnerait l'illusion que l'objet a pivoté sur lui-même.

vitesse de la lumiere

Autrement dit, un cube vu de face nous montrerait soudainement l'un de ses côtés. Jusqu'à présent, cette prédiction était restée purement théorique, car il est impossible de photographier un objet macroscopique se déplaçant réellement à cette vitesse.

Comment les scientifiques ont-ils réussi à photographier l'impossible ?

L'astuce des chercheurs de l'Université technique de Vienne est brillante. Plutôt que d'essayer d'accélérer un objet, ils ont décidé de ralentir virtuellement la lumière. Pour ce faire, ils ont utilisé un dispositif ingénieux combinant des impulsions laser et une caméra ultra-rapide. La caméra capture des "tranches" extrêmement fines de la lumière réfléchie par l'objet à des instants très rapprochés, un peu à la manière d'un mode panorama temporel.

vitesse lumière

En assemblant ces milliers d'images, ils ont pu simuler un monde où la vitesse de la lumière ne serait que de 2 mètres par seconde. Dans cet environnement virtuel, les effets de la relativité deviennent visibles à l'œil nu.

Que nous apprend vraiment cette image ?

Le résultat, publié dans la revue Communications Physics, est saisissant. Sur les clichés obtenus, une sphère reste une sphère (confirmant la théorie), mais un cube semble bel et bien tourner sur lui-même, dévoilant des faces qui devraient être cachées. C'est la toute première preuve visuelle directe de la théorie de la relativité en action sur la forme d'un objet.

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Cette image, bien que déroutante, est une démonstration magistrale que le temps et l'espace sont intrinsèquement liés, et que notre perception de la réalité est conditionnée par la vitesse finie de la lumière. Plus qu'une simple curiosité scientifique, c'est une nouvelle fenêtre qui s'ouvre sur la compréhension des lois les plus fondamentales de notre univers.

Foire Aux Questions (FAQ)

A-t-on vraiment photographié un objet allant à la vitesse de la lumière ?

Non, il s'agit d'une simulation expérimentale. Il est physiquement impossible pour un objet ayant une masse d'atteindre la vitesse de la lumière. L'expérience a consisté à recréer artificiellement les conditions visuelles d'un tel déplacement en "ralentissant" la lumière de manière virtuelle pour rendre les effets de la relativité observables.

Pourquoi la lumière de l'arrière de l'objet nous parvient-elle en même temps que celle de l'avant ?

C'est précisément le contraire. La lumière émise par la face arrière de l'objet a un chemin légèrement plus long à parcourir pour atteindre l'observateur que la lumière émise par la face avant. À des vitesses normales, cette différence est imperceptible. Mais à une vitesse proche de celle de la lumière, ce décalage temporel devient significatif et notre cerveau interprète cette arrivée différée d'informations comme une rotation de l'objet.

Quelles sont les applications possibles de cette expérience ?

L'intérêt principal est fondamental : il s'agit de visualiser et de mieux comprendre les effets de la relativité restreinte. Cette méthode pourrait devenir un outil pédagogique puissant. Elle ouvre également la voie à de nouvelles techniques expérimentales pour étudier d'autres phénomènes relativistes jusqu'ici inobservables.