Grokipedia, la nouvelle encyclopédie numérique lancée par xAI, promet de défier le monopole de Wikipédia en offrant une alternative open source axée sur la neutralité et la transparence, du moins selon les vues d'Elon Musk, qui intensifie sa croisade contre ce qu’il considère comme le biais idéologique dominant des plateformes d’information mondiales.
Depuis plusieurs années, le débat sur la neutralité de Wikipédia n’a cessé de grandir. Des voix influentes, dont Elon Musk et Larry Sanger, son cofondateur dissident, dénoncent la présence d’un “biais idéologique” et le filtrage de certains contenus par une armée d’administrateurs.
Cette situation interpelle, d’autant plus que Wikipédia reste, pour des milliards d’utilisateurs et d’algorithmes d’intelligence artificielle, une référence incontournable dans le monde du savoir.
Pourquoi Elon Musk lance Grokipedia ?
Le projet Grokipedia trouve ses racines dans une longue série d’attaques publiques d’Elon Musk contre Wikipédia. Depuis ses fameux tweets caustiques et ses propositions provocantes, le milliardaire reproche à l’encyclopédie collaborative de favoriser un discours orienté politiquement, ce qu’il résume en la surnommant “Wokipedia”.
En réponse directe à ces critiques, Grokipedia se présente comme une alternative ouverte, où la transparence et la neutralité sont érigées en principes fondateurs. L’outil sera alimenté par le chatbot Grok de xAI, déjà intégré aux services premium de la plateforme X, offrant une approche résolument tournée vers l’intelligence artificielle et la vérification des faits.
Ce positionnement s’inscrit dans la volonté d’Elon Musk de “comprendre l’Univers” via des outils qui remettent en cause les récits traditionnels, tout en démocratisant l’accès à l’information et en levant les restrictions d’utilisation pour le grand public.
Le débat sur la neutralité des encyclopédies numériques
Au cœur de la polémique, on retrouve des personnalités comme Larry Sanger ou David Sacks. Durant un récent podcast animé par le journaliste Tucker Carlson (fervent supporter de Donald Trump), Sanger a mis en lumière, preuves à l’appui, des interventions d’administrateurs censurant systématiquement des pages jugées sensibles, notamment sur Donald Trump ou des sujets d’actualité controversés.
David Sacks, conseiller IA de la Maison Blanche, va plus loin : selon lui, Wikipédia exerce une influence disproportionnée dans les premiers résultats de recherche Google et sert désormais de matière première pour l’entraînement des modèles d’IA. Cette “armée d’activistes” serait donc bien plus qu’une simple communauté éditoriale.
L’émergence de Grokipedia repose alors sur l’idée qu’un nouvel acteur, propulsé par l’intelligence artificielle, pourrait réinventer les codes de la fiabilité informationnelle et rétablir l’équilibre des voix.
Quels enjeux pour la neutralité et l’accès au savoir ?
Si l’initiative d’Elon Musk attire, c’est aussi parce que la gouvernance et la structure communautaire de Wikipédia sont régulièrement remises en question : accusations de censure, changements éditoriaux opaques, contrôle difficile de la fiabilité des sources.
Pour l’instant, les contours précis de Grokipedia demeurent flous. Musk promet un accès libre, sans limite d’utilisation, et une collaboration ouverte à tous. Mais la question de la neutralité algorithmique reste entière, d’autant plus que le chatbot Grok a déjà essuyé des critiques sur certains de ses choix éditoriaux, ses déclarations outrancières et sa tendance à se référer aux idées libertaires d'Elon Musk.
La stabilité de ce futur référent du savoir dépendra tant de ses mécanismes de modération que de sa capacité à résister à la tentation des récits partisans. Au final, l’arrivée de Grokipedia pourrait bien forcer l’ensemble du secteur à se réinventer pour reconquérir la confiance du public.
A moins que Grokipedia ne soit qu'un épouvantail pour fragiliser Wikipedia et son manque d'entrain à mettre en avant les faits et gestes de Donald Trump et des autres personnalités MAGA (Make America Great Again), comme une partie de la presse américaine, de ce fait dans le viseur du président des Etats-Unis.