Si la mondialisation a disséminé la production des puces électroniques en Asie et plus généralement dans les pays où la main d'oeuvre est peu coûteuse, les tensions géopolitiques actuelles ont montré l'importance d'un effort de relocalisation des moyens de production en Europe, même coûteux.

Controntée à sa situation de faiblesse, l'Union européenne a mis en place un projet de relance de la production locale de composants électroniques et lui a attribué une enveloppe de 45 milliards d'euros dont le montant vient d'être validé par les 27 Etats-membres.

Le texte amendé a été accepté à l'unanimité et doit permettre à l'Europe de compter pour 20% de la production mondiale de puces d'ici 2030, alors qu'elle était tombée à 8% ces dernières années.

Les confinements liés à la pandémie et la forte pénurie de composants électroniques ont touché durement certains secteurs, dont celui, important en Europe, de l'automobile.

Par ailleurs, la remontée des tensions géopolitiques a mis en lumière le risque que les approvisionnements pourraient être interrompus en cas d'escalade ou les volumes réduits pour satisfaire les clients prioritaires (Chine et Etats-Unis), laissant l'Europe à la marge.

Retour de souveraineté dans les puces

L'importance d'une certaine souveraineté en matière de production de composants est redevenue prioritaire, en parallèle des efforts pour développer des puces de conception européenne, à l'image des gammes de processeurs ARM modulaires en cours de développement chez SiPearl, afin de ne pas toujours rester en arrière des grandes innovations.

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Par rapport au projet initial, le texte européen prévoit un élargissement du périmètre d'investissement à certaines catégories de puces pas forcément parmi les plus avancées ou les plus fines.

A côté des processeurs mobiles gravés en 3 nm et des composants utilisant les dernières technologies, il y a tout un univers de puces nécessaires à l'industrie qui n'ont pas besoin de techniques de gravure très perfectionnées mais qui doivent pouvoir être disponibles en volume et à bas coût.

Par ailleurs, les technologies de pointe en matière de finesse de gravure se jouent en Asie et il y a peu de chances que des acteurs comme TSMC ou Samsung acceptent de déplacer le meilleur de leur technologie en Europe.

Un texte qui peut encore capoter

Le Chips Act européen veut couvrir les domaines de la puissance de calcul informatique, de l'efficacité énergétique, de l'avantage environnemental et de l'intelligence artificielle.

Si le montant de l'enveloppe d'investissement est validé, les moyens pour l'abonder, à partir de fonds inutilisés dans d'autres projets européens et de projets de recherche, fait l'objet de critiques.

Certains s'inquiètent également d'une distribution privilégiée de ces fonds à des pays qui ont déjà des installations de production ou qui vont chercher à attirer les producteurs de puces grâce aux subventions publiques, ne profitant qu'aux pays les plus riches et amplifiant le déséquilibre entre pays riches et pauvres de l'Union, indique l'agence Reuters.

Source : Reuters