En quelques mois, la question de la présence de vie sur K2-18b s’est imposée comme l’un des sujets les plus passionnants – et controversés – de l’astronomie moderne.
Cette planète, qualifiée de « super-Terre » ou de « monde hycéan » grâce à ses vastes océans potentiels, a récemment fait la une en raison de la détection supposée de composés chimiques associés à la vie.
Après l'excitation et le passage en revue des éléments à disposition, les affirmations sont plus mesurées mais laissent entrevoir un monde aux caractéristiques étonnantes.
K2-18b : la planète où tout semblait possible
Découverte il y a quelques années, K2-18b a immédiatement fasciné les chercheurs. Avec une masse environ huit fois supérieure à celle de la Terre, elle orbite dans la zone dite « habitable » autour d'une étoile naine rouge, une configuration propice à la présence d'eau liquide – condition nécessaire (mais non suffisante) à la vie telle que nous la connaissons.
Certains experts vont jusqu’à la décrire comme « notre meilleure chance actuelle d’étudier un environnement potentiellement habitable hors du système solaire », du fait de la détection d'une atmosphère riche en hydrogène et de la présence supposée d'eau en grande quantité, potentiellement sous forme d'océans.
La puissance du télescope James Webb, en analysant la lumière filtrée à travers l’atmosphère de l’exoplanète, a permis de repérer des traces de méthane et de dioxyde de carbone, deux molécules clés pour l’étude du potentiel biologique d’un monde lointain.
Mais la véritable surprise est arrivée avec la détection – bien que ténue – d’un gaz appelé diméthylsulfure (DMS). Sur Terre, ce composé est produit quasi exclusivement par des organismes vivants, notamment des phytoplanctons. Sa présence ailleurs suggérerait-elle la vie ?
Biosignatures et doutes : l’énigme du DMS sur K2-18b
Au printemps 2025, une publication fracassante suggère la « plus forte preuve à ce jour » de vie extraterrestre grâce à la détection de DMS dans l’atmosphère de K2-18b.
Sur la planète bleue, ce gaz relève intégralement de l’activité biologique, ce qui en fait une biosignature très recherchée. Avait-on trouvé là enfin une première trace indirecte de vie occupant une autre planète ?
Pourtant, très vite, certains chercheurs tempèrent cet enthousiasme. D'abord, ils soulignent que l’analyse des spectres d’atmosphère est sujette à de nombreux modèles et que chaque hypothèse doit être testée avec la plus grande rigueur.
Ensuite, des voix s’élèvent pour proposer d’autres explications possibles à la présence de DMS, notamment des phénomènes chimiques naturels propres aux mondes riches en hydrogène, comme K2-18b.
Une équipe indépendante confirme en juillet 2025 que l'évolution des techniques d'interprétation amoindrit l’excitation du printemps : « Nos analyses montrent que des processus atmosphériques sans intervention du vivant peuvent aussi produire du DMS, ce qui rend sa découverte moins exceptionnelle »
Résultat : la prudence s’impose. L’existence de vie n’est à ce jour pas prouvée, même si les indices restent motivants pour approfondir les recherches.
Océan ou monde hostile ? Les scenarii s'affrontent
Si la présence d’eau sur K2-18b ne fait désormais plus débat, la nature de cet océan intrigue : s’agit-il d’une vaste étendue liquide capable d’abriter la vie, ou d’un milieu hostile baigné dans une atmosphère oppressive ?
Certains chercheurs relativisent les hypothèses optimistes : « Même si K2-18b est une planète hycéan, rien ne garantit que l’environnement soit réellement hospitalier ». Sans couche nuageuse réfléchissante, l’océan bouillonnerait sous l'effet de la chaleur, rendant tout développement du vivant hautement improbable.
D’autres scénarios avancent une planète à l’épaisse enveloppe gazeuse, dépourvue de toute surface solide, ou même la présence d’un océan… de magma ! Côté astrobiologie, la prudence est donc de mise. Une planète peut bien être « habitable » sans forcément être « habitée ».
Ce qui est certain, c'est que K2-18b reste, pour l’instant, un formidable laboratoire d’astrophysique, plus qu’une cousine lointaine et verdoyante de notre Terre.
K2-18b : promesse d'une révolution ou simple mirage scientifique ?
L’affaire K2-18b illustre à la fois les espoirs de nouvelles découvertes et la démarche scientifique pour valider ou non les observations et les théories. Si les chercheurs à l'origine de la découverte de DMS sur l'exoplanète ont vite balisé le terrain d'une première découverte de vie extraterrestre, les analyses ultérieures ont rapidement calmé l'emballement.
Ce n'est pas sans rappeler l'affaire du supraconducteur LK-99 dont ses découvreurs affirmaient en 2023 que ses propriétés pouvaient s'exprimer à température ambiante, ce qui aurait été une première.
Après des tentatives pour reproduire la réaction dans d'autres laboratoires et l'analyse des données fournies, il est apparu qu'il n'en était rien. Cela a toutefois permis de mettre en lumière le processus scientifique d'affirmations théoriques et de vérifications pratiques.
Dans le cas de K2-18b, l'histoire n'est pas terminée et peut encore évoluer au fil de nouvelles analyses de son atmosphère et de données collectées. Elle confirme en tous les cas le rôle essentiel du télescope spatial James Webb dans la découverte et l'analyse d'exoplanètes potentiellement porteuses de formes de vie.