Dans un entretien au JDD, la ministre de la Santé, des Solidarités et des Familles dévoile une ambition forte : bannir totalement l'exposition aux écrans pour les enfants de la naissance à l'âge de 3 ans. Cette interdiction s'inscrit dans une démarche visant à protéger le développement neurologique des plus jeunes.
Une interdiction symbolique
Comment imposer une telle règle dans l'intimité des foyers ? Pour Catherine Vautrin, l'idée n'est pas la surveillance et la sanction, mais un véritable électrochoc culturel. « C'est une façon de donner des repères aux parents. D'insuffler l'idée que ça ne se fait pas. »
La stratégie s'inspire de celle utilisée pour l'interdiction de la fessée. « La police n'est pas allée vérifier dans les foyers si l'interdiction était appliquée, mais le fait de la proclamer a fini par ancrer l'idée qu'on ne tape pas un enfant. »
Sous la houlette de la ministre chargée du Numérique, l'interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans s'inscrit dans une logique similaire. « J'ai fait de l'interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans ma priorité, mais au-delà il faut sensibiliser dès le plus jeune âge et cette proposition va en ce sens. Je la soutiens. […] Il est de notre responsabilité d'agir, aussi pour accompagner les parents », a réagi Clara Chappaz après les propos de Catherine Vautrin.
Des mesures concrètes pour les professionnels
Si l'application à la maison relèvera de la prise de conscience, elle sera bien concrète dans les lieux d'accueil. Un arrêté sera publié dans les prochaines semaines pour interdire formellement les écrans dans toutes les structures accueillant des enfants de moins de 3 ans.
Pour les professionnels de la petite enfance, déjà très sensibles au sujet, la ministre souligne que cette mesure apportera une assise légale pour renforcer leurs recommandations auprès des parents. Ils ont d'ailleurs participé à un référentiel sur la qualité d'accueil qui mentionne déjà la restriction.
Informer pour ne laisser personne de côté
Afin que le message passe, un dispositif d'information va être déployé. Les parents recevront des communications directes via la Caisse d'allocations familiales et la Caisse d'assurance maladie.
Des mentions claires seront intégrées dans le carnet de maternité et le carnet de santé stipulant déjà « pas d'écran avant 3 ans ».
Des campagnes de communication compléteront le tout, avec un objectif clair martelé par la ministre : « Que personne ne puisse nous dire : ' Je ne savais pas ' ».
Un enjeu de santé publique majeur (pour les moins de 6 ans)
Fin avril, un rapport d'experts a appelé à une prise de conscience collective. « Ni la technologie de l'écran ni ses contenus, y compris ceux prétendument ' éducatifs ' ne sont adaptés à un petit cerveau en développement. »
« Les activités sur écrans ne conviennent pas aux enfants de moins de 6 ans. Elles altèrent durablement leurs capacités intellectuelles. […] Les recommandations doivent être étendues sans ambiguïté possible : ' pas d'écran avant 6 ans ' ».