C'est un fait statistique quasi universel : les femmes vivent plus longtemps que les hommes. En France, l'écart est de près de six ans. Si l'on a longtemps attribué cette différence à des facteurs comportementaux (moins de tabac, moins d'alcool, moins de conduites à risque...), une nouvelle étude vient de confirmer que les racines de cette inégalité sont bien plus profondes, inscrites dans notre biologie et notre histoire évolutive.

En analysant les données de plus d'un millier d'espèces, des chercheurs ont mis en lumière les deux raisons fondamentales de la longévité féminine.

Quelle est la raison génétique de cette différence ?

La première piste est génétique et porte le nom d'« hypothèse du sexe hétérogamétique », qui se concentre sur les chromosomes sexuels. Chez les mammifères, les femelles possèdent deux chromosomes X (XX), tandis que les mâles ont un chromosome X et un Y (XY). Ce double chromosome X offre un avantage considérable : si une mutation génétique délétère apparaît sur l'un des X, le second peut servir de "sauvegarde" et compenser le défaut.



Les mâles, avec leur unique chromosome X, n'ont pas ce filet de sécurité. Toute mutation nuisible a donc plus de chances de s'exprimer et de réduire leur espérance de vie. Fait fascinant, le phénomène s'inverse chez les oiseaux, où les mâles sont homogamétiques (ZZ) et les femelles hétérogamétiques (ZW). Résultat : ce sont les mâles qui vivent en moyenne 5% plus longtemps.

La génétique explique-t-elle tout ?

Non, et c'est la deuxième grande révélation de l'étude. Si la génétique pose les bases, l'évolution a ajouté une autre couche : la sélection sexuelle. Chez de nombreuses espèces de mammifères polygames, les mâles sont engagés dans une compétition féroce pour l'accès aux femelles. Cette lutte pour la reproduction a un coût biologique énorme.



Pour séduire ou combattre, ils doivent développer des attributs coûteux en énergie : une taille plus imposante, des bois, des crinières, ou encore adopter des comportements agressifs et risqués. Toute cette énergie dépensée pour la reproduction se fait au détriment de la longévité. En d'autres termes, la nature les a programmés pour se reproduire vite, quitte à mourir plus jeunes.

Et le rôle de la parentalité dans tout ça ?

L'étude révèle une autre corrélation fascinante : le sexe qui assume la majorité des soins parentaux tend à avoir une plus longue durée de vie. D'un point de vue évolutif, c'est logique : la survie du parent soignant est cruciale pour que la progéniture atteigne l'âge adulte. Chez la plupart des mammifères, cette charge incombe à la femelle, ce qui a favorisé une plus grande longévité.



Cette tendance est particulièrement marquée chez les espèces polygames, où les mâles se concentrent sur la compétition pour s'accoupler avec le plus de femelles possible, tandis que ces dernières investissent leur énergie dans la survie à long terme pour élever leurs petits.

Foire Aux Questions (FAQ)

Pourquoi l'étude s'est-elle concentrée sur les animaux de zoo ?

Les chercheurs ont majoritairement utilisé les données de plus de 1 000 espèces en captivité pour neutraliser les facteurs de mortalité externes comme la prédation, la famine ou les maladies. Cela a permis d'isoler plus clairement les facteurs biologiques et évolutifs (génétique, reproduction) qui influencent la longévité intrinsèque de chaque sexe.

Y a-t-il des exceptions à cette règle ?

Oui. Chez environ 7 % des espèces de mammifères étudiées, les mâles vivent plus longtemps. C'est le cas chez certains carnivores. À l'inverse, chez les oiseaux de proie comme les faucons ou les aigles, les femelles vivent plus longtemps alors que la tendance générale chez les oiseaux est à une plus grande longévité des mâles. Ces exceptions montrent que la longévité est un phénomène complexe où plusieurs stratégies évolutives peuvent coexister.

Quelles leçons peut-on en tirer pour les humains ?

L'étude confirme que l'avantage de longévité des femmes a des racines évolutives profondes, partagées avec nos plus proches cousins comme les chimpanzés. Cependant, cela ne signifie pas que les hommes sont condamnés. Les auteurs soulignent que les facteurs comportementaux (moins de conduites à risque, meilleur suivi médical, etc.) peuvent permettre de réduire cet écart, même si le "bonus" génétique des femmes restera probablement un avantage durable.