Le déploiement de la fibre optique sur l'ensemble de l'Hexagone dans le cadre du plan France Très haut débit arrivera bientôt à son terme, même si tout n'est pas réglé et pourrait nécessiter un "Good Deal" incitatif pour finaliser les opérations.
Le gouvernement peut se féliciter de cette initiative qui a permis de créer rapidement un maillage très haut débit dans le pays mais l'association UFC-Que Choisir y trouve tout de même à redire.
Sans contester l'ambition et les enjeux du plan THD, elle observe que la promesse d'un débit d'au moins 30 Mbps pour tous les Français à fin 2022 est imparfaitement réalisée, malgré la satisfaction affichée.
Du très haut débit au rabais
Selon sa propre étude, 17,2% des foyers, représentant tout de même près de 12 millions de personnes, ne peuvent avoir accès au très haut débit que par des moyens alternatifs à la fibre, en hertzien ou par satellite.
Ces offres sont souvent bridées en capacités (volume de données, accès à la télévision numérique) et peuvent offrir une qualité de fonctionnement aléatoire avec des effondrements soudains de débit en fonction des conditions météo ou du nombre d'utilisateurs simultanés.
Ces contraintes empêchent l'utilisation de certains services nécessitant du très haut débit comme la visioconférence ou les jeux en ligne, du fait des débits non réguliers et de temps de latence élevés.
L'UFC-Que Choisir les qualifie de "très haut débit au rabais" alors que ces offres sont souvent plus onéreuses qu'un forfait fibre, du fait de l'abonnement comme de l'équipement nécessaire.
Une fracture numérique toujours présente
La fracture territoriale et numérique est donc toujours présente sur certains territoires et l'association relève qu'au moins 20% des utilisateurs sont en fait privés d'offre très haut débit de qualité dans 45 départements, pourcentage grimpant à plus de 50% pour trois départements : Côtes d'Armor, Ardèche et Mayotte.
Les départements ruraux sont logiquement les plus impactés et plus de 18% des communes de moins de 1000 habitants n'ont même pas droit à du "bon haut débit", soit 8 Mbps, et 10% à du simple débit minimal (3 Mbps).
Dans le même temps, le déploiement de la fibre optique est loin d'être la panacée. En cause, les nombreuses malfaçons et problématiques liées à l'installation de la fibre et à la qualité de service ensuite.
Des usagers laissés sans solutions
Le traitement des litiges fait remonter des problèmes de rendez-vous non honorés, de refus de réalisation des travaux de raccordement ou de débranchements sauvages d'autres clients, confirmant les observations et inquiétudes sur la mauvaise exécution des opérations qui pourrait toucher 15 à 20% des raccordements, au point de déclencher des mesures de la part des collectivités territoriales contre les opérateurs et prestataires.
Constatant que les usagers ont bien peu de moyens à disposition pour faire entendre leur voix,, l'UFC-Que Choisir réclame donc "un droit opposable à un accès internet de qualité", avec des indemnisations si les débits minimaux attendus ne sont pas atteints mais aussi la possibilité de résilier sans frais un abonnement en cas d'échec de raccordement ou d'interruption de service.
Enfin, l'association demande aux pouvoir publics de faire interdire le prélèvement des frais d'abonnement et d'introduire le principe d'indemnités automatiques "en cas d'interruption prolongée ou récurrente du service".