Un nouvel incident place Firefly Aerospace sous les projecteurs : le lanceur Alpha, fer de lance des ambitions spatiales texanes, a été détruit lors d’un essai au sol à quelques semaines d’une relance attendue des vols commerciaux.
La scène est familière dans l'industrie du spatial : une fusée en test, un compte à rebours maîtrisé, puis soudain, l’irréversible. Lundi 29 septembre 2025, la base d’essais de Firefly Aerospace à Briggs, au Texas, a été secouée par une explosion.
Le premier étage du lanceur Alpha, destiné à la mission Flight 7, s’est désintégré lors d’un essai dit d’“acceptation”, ultime étape avant son expédition vers la base californienne de Vandenberg.
Selon la société, l'accident n'a pas fait de blessé et n’a pas endommagé d'autres installations, mais le booster est perdu.
Des antécédents techniques lourds de conséquences
Ce nouvel incident survient alors que Firefly sort à peine d’une série de déboires techniques. La mission précédente, Flight 6, s’était soldée par une désintégration du booster en vol au printemps, provoquée par un phénomène qui avait compromis l’intégrité thermique du premier étage.
Une enquête sous supervision de la FAA (Federal Aviation Administration) avait été diligentée et avait abouti, fin août, à la définition de mesures correctrices : augmentation de la protection thermique sur le premier étage et adaptation du profil de vol pour limiter l’angle d’attaque lors des phases critiques.
Pas de refonte radicale, donc, mais des ajustements censés garantir la sécurité du matériel… pourtant mis en échec dès le premier essai grandeur nature du nouveau lot de production.
Enjeux stratégiques et calendrier menacé
Le lanceur Alpha devait reprendre du service pour Lockheed Martin dans le cadre d’un contrat pluriannuel, couvrant jusqu’à 25 missions de démonstration technologique jusqu’en 2029.
Firefly misait sur ce partenariat pour consolider sa position dans le domaine des lanceurs légers, alors que ses concurrents historiques et nouveaux venus, américains ou européens, progressent rapidement sur le créneau des vols commerciaux pour satellites.
Le retard induit par ce nouvel accident pourrait fragiliser le calendrier du programme et retarder des essais critiques, alors même que Firefly annonçait il y a peu avoir augmenté sa capacité de production et se préparait déjà à lancer la production de la future fusée Eclipse, fruit d’une collaboration avec Northrop Grumman.
Boucle d'apprentissage, capital confiance et avenir du projet
Le cas Firefly illustre l’implacable réalité de la mise au point de nouveaux lanceurs : chaque échec au sol ou en vol impose une remise à plat, et chaque test destructif grignote la confiance des financeurs comme des clients potentiels.
Derrière l’effet spectaculaire de l’explosion, la stratégie de la société consiste à multiplier les essais, à collecter des données et à perfectionner le design du lanceur Alpha pour éviter tout feu de paille industriel.
Mais la question demeure : combien de revers Firefly pourra-t-elle encore absorber sans perdre la main sur ses ambitions lunaires via ses missions Blue Ghost pour la NASA ou sur sa fragile crédibilité boursière, déjà ébranlée depuis son introduction récente à Wall Street ?
Le calendrier des prochains tirs, et plus largement l’avenir de la gamme Alpha, dépendront maintenant de la capacité de Firefly à transformer ce nouvel échec en saut qualitatif… avant que la patience des partenaires ne s’épuise.