Attendue de longue date, la validation officielle du projet Flying Whales signe un tournant dans l’industrie aéronautique française. Ce feu vert autorise l’implantation en Gironde d’une usine XXL dédiée à l’assemblage de nouveaux dirigeables, porteurs de promesses environnementales et d’emplois pour tout le territoire.

Mais si le projet suscite beaucoup d’attente par son approche atypique, il a également connu des obstacles pour faire reconnaître son utilité et son impact environnemental.

Un projet industriel inédit à dimension internationale

Avec l’autorisation de construire obtenue, Flying Whales va enfin pouvoir réaliser sa grande usine dans le nord de la Gironde, à 40 kilomètres de Bordeaux. Cette start-up franco-canadienne, déjà financée à hauteur de 300 millions d’euros sur un total de 450 millions, s’appuie sur une alliance inédite entre partenaires publics et privés, impliquant l’État français, la région Nouvelle-Aquitaine et le Québec.

Sur les 75 hectares choisis, le site doit pouvoir générer près de 300 emplois directs , et l’usine pourra servir de modèle pour une seconde implantation prévue ultérieurement au Canada.

Flying Whales

Le projet repose sur des dirigeables géants conçus pour transporter, dès 2029, des charges lourdes tout en réduisant l’empreinte carbone du fret. Le premier prototype, baptisé LCA60T, long de 200 mètres pour une capacité de 60 tonnes, doit voir le jour en 2027.

Un calendrier serré pour une ambition hors norme évoquant “la décarbonation du transport” et la possibilité de “désenclaver les zones forestières et montagneuses” selon Vincent Guibout, directeur général de l’entreprise.

Une acceptation publique malgré des résistances écologistes

Si la décision positive pour l'ouverture du site marque une étape décisive, elle n’a pas fait disparaître toute contestation. Plusieurs avis défavorables avaient été émis en 2023 et 2024 par l’Autorité environnementale, qui alertait sur le risque pour les milieux naturels et sur la faune menacée, dont le vison d’Europe.

Pourtant, le rapport rendu à l’issue de l’enquête publique considère que “les bénéfices de décarbonation du dirigeable en fonctionnement compenseront à terme la dette résiduelle initiale sur la biodiversité”, rassurant ainsi les institutions locales.

Selon le préfet, il s’agit d’“un signal positif envoyé au secteur aéronautique français et au développement de la transition écologique”. Dans le même temps, des élus écologistes restent mobilisés et continuent de redouter un impact durable sur la biodiversité.

Les promesses écologiques au cœur du dossier

Le cœur du projet Flying Whales se situe dans son engagement à réduire la pollution générée par le transport lourd. Les nouveaux dirigeables déployés pourront transporter des charges jusqu'à 60 tonnes sans recourir à des solutions énergivores dans des zones difficilement desservies par d’autres modes de transport, contribuant ainsi au désenclavement économique et social.

Flying Whales aide humanitaire

Les dirigeables pourraient également participer au transport d'éléments d'infrastructures difficiles à acheminer par voie terrestre comme des pales d'éoliennes ou encore opérer dans des zones de catastrophes naturelles pour apporter de l'aide humanitaire en grande quantité.

Le rapport d’enquête publique souligne que “l’innovation apportée compense significativement l’impact initial sur les zones naturelles visées”. Une orientation désormais partagée par les parties prenantes malgré la persistance de certaines voix discordantes.

Un levier économique majeur pour la région girondine

Le site doit engendrer la création de 300 postes directs dans un premier temps, sans compter les retombées potentielles via des emplois indirects et la stimulation des sous-traitants régionaux. La dynamique enclenchée s’inscrit dans la volonté partagée de réindustrialisation.

Ce projet d’envergure se veut aussi un “modèle” reproductible à l’international, la prochaine implantation étant d’ores et déjà envisagée à Sherbrooke, au Québec, ouvrant des perspectives de long terme.

Aujourd’hui, la start-up attend le permis de construire officiel, qui pourrait intervenir dès l’automne. Une fois l’usine opérationnelle vers 2026, l’objectif affiché est de finaliser le prototype l’année suivante et d’atteindre une commercialisation à grande échelle des dirigeables dès 2029. Des défis d’ingénierie restent à relever, tout comme la gestion durable des ressources naturelles à proximité du site.