Sans en faire le coupable idéal, la messagerie mobile ou nomade, avec son flot d'emails se déversant en permanence sur les smartphones et les ordinateurs portables, participe à la forte pression subie par les salariés des grands groupes, a estimé Gervais Pellissier, directeur financier de France Télécom.

La vague de suicides qui a touché la société depuis début 2008 n'a pas de cause unique mais le stress au travail serait devenu plus manifeste à l'heure des smartphones communicants : " Actuellement, les professionnels, quelque soit leur place dans la hiérarchie, qu'ils soient cadre dirigeant ou simple salarié, sont constamment connectés ", a-t-il indiqué à Reuters lors d'un entretien.

La privatisation de France Télécom, et la réorganisation qu'elle impose, met déjà beaucoup de pression sur les salariés du groupe, mais les nouveaux outils communicants, en immisçant le travail jusque dans le temps de la vie privée, maintient une pression permanente.


Se retrouver enchaîné à l'entreprise ?

" Quand vous étiez un salarié d'un grand groupe il y a quinze ans, vous n'aviez ni téléphone ni PC à la maison. Quand vous rentriez chez vous, le travail restait à l'extérieur ", souligne-t-il. Ce n'est pas pour rien que les smartphones Blackberry ont été dotés aux Etats-Unis du surnom " Crackberry " du fait de la véritable addiction à la messagerie qu'il entraîne chez certains.

Le gouvernement canadien a même tenté de proposer une " pause Blackberry " en 2008 pour les fonctionnaires en leur demandant de couper leur appareil en soirée et durant les week-ends et vacances.

Gervais Pellissier, quant à lui, estime que la pression liée à la messagerie mobile ou nomade a été sous-estimée par les grands groupes, ce qui peut s'avérer désastreux pour des personnes déjà touchées par des problèmes personnels dans la mesure où vie privée et professionnelle finissent par perdre leurs limites et se recouvrir.

Dans les mesures que compte prendre France Télécom, il faudra sûrement réfléchir plus profondément au problème de l'impact des nouvelles formes de travail sur les salariés, au même titre que le stress induit par les changements de postes et d'activité, pouvant se révéler très perturbateurs.

On notera que de nombreuses études sociologiques ont pointé du doigt ces dernières années l'impact des outils communicants comme brouilleurs des limites entre vie privée et vie professionnelle et empêchant les salariés de trouver un repos réparateur hors de leur temps de travail.

S'ils ont des atouts indéniables en terme de réactivité et de productivité, ils peuvent finir par épuiser les employés si de véritables moments " off " ne sont pas ménagés pour permettre d'alléger le stress quotidien.