Les syndicats CFE-CGC des opérateurs télécoms Orange, SFR et Bouygues Telecom ont adressé un courrier à l'Autorité de la Concurrence pour lui demander d'ouvrir une enquête sur l'accord d'itinérance 3G signé entre Free Mobile et Orange et dont ils estiment qu'il perturbe le jeu normal de la concurrence.

Ils évoquent des pratiques anticoncurrentielles sur le marché des services de téléphonie mobile et des modalités d'application de l'itinérance qui ne correspondent pas à ce qui était prévu. Suggérant une entente qui va au-delà du simple accord commercial, ils suggèrent que le partenariat " a conduit à une concertation qui a pour objet et pour effet d'évincer à court terme les opérateurs mobiles virtuels  (ou MVNO) du marché des services de téléphonie mobile, et de mettre en difficulté SFR et Bouygues Telecom. "

Dès l'arrivée de Free Mobile sur le marché, les syndicats avaient plus moins exprimé ces arguments par des lettres ouvertes. En passant par l'Autorité de la Concurrence, les insinuations deviennent accusations avec demande de mesures correctrices.

Les syndicats suggèrent que l'Autorité " devrait à la lumière de la situation reconsidérer son analyse concurrentielle sur la position d'Orange France sur le marché des service de téléphonie mobile ". Après la plainte déposée par deux opérateurs auprès de la brigade financière de Paris contre l'accord d'itinérance 3G, c'est un nouveau front qui menace de s'ouvrir du côté de l'Autorité.

Et là encore, l'argument des destructions d'emplois est mis en valeur, alors que les projets de réorganisation des opérateurs SFR et Bouygues Telecom " annoncent des réductions drastiques de leurs coûts, ce qui risque de se traduire par des licenciements massifs ", selon le courrier adressé à l'Autorité.

Rien de bien nouveau donc, mais il semble que toutes dernières attaques contre Free Mobile se concentrent désormais sur l'accord d'itinérance 3G, accusé de tous les maux, avec une certaine duplicité de la part d'Orange, du fait de son rôle simultané de concurrent et de partenaire et qui a tout intérêt à utiliser Free Mobile pour affaiblir SFR et Bouygues Telecom.

MàJ 17:00 : Les syndicats n'ont finalement pas envoyé à l'Autorité leur demande de saisine ce vendredi dénonçant le contrat d'itinérance 3G du fait d'un " conflit d'intérêt avec notre employeur " pour le cas du syndicat CFE-CGC Orange, mais ils indiquent qu'ils lui adresseront le lundi 2 avril un courrier pour l'alerter sur les pratiques anticoncurrentielles.

L'Arcep indique de son côté qu'elle ne s'auto-saisira pas sur cette question du contrat d'itinérance qu'elle reconnaît avoir "souhaité et favorisé". C'est d'ailleurs l'argument présenté par Orange pour justifier la signature de ce contrat.

L'Autorité de la Concurrence s'intéresse aussi aux conséquences de l'arrivée de Free Mobile sur les opérateurs virtuels ( MVNO ) de manière à vérifier qu'ils ont les moyens de s'adapter à la nouvelle donne malgré les prix bas instaurés par le quatrième opérateur.

Source : Le Monde