Les échanges épistolaires se poursuivent entre opérateurs, chaque courrier étant aussi soigneusement envoyé en copie aux autorités et régulateurs concernés par le secteur télécom. Olivier Roussat, PDG de Bouygues Telecom, avait adressé un courrier en début d'année à Free Mobile pour s'étonner de son peu d'empressement à accepter ses propositions d'aide au déploiement de son réseau 3G alors même que les engagements liés à la licence d'exploitation d'un réseau 3G lui imposent de disposer de 75% de couverture en janvier 2015.
Selon Bouygues Telecom, le quatrième opérateur doit encore installer plusieurs milliers d'antennes mais ne semble pas très concerné par cette échéance, ce qui lui fait malicieusement (sachant que les autorités et le ministère de l'Industrie écoutent) poser la question de sa stratégie d'investissement pour son réseau mobile.
La critique est récurrente et les représentants de Free doivent souvent se justifier ou contre-attaquer sur ce point. Maxime Lombardini, directeur général de Free Mobile, a donc répondu à Olivier Roussat sur le même ton, et avec les régulateurs en copie, en réaffirmant qu'il tiendra l'objectif de 75% de couverture début 2015.
Avec ses 2500 antennes déjà déployées, le quatrième opérateur couvrirait 60% de la population et Maxime Lombardini rappelle gentiment à son concurrent que ce dernier n'était pas en mesure d'assurer son obligation de couverture de 20% de la population plus de quatre ans après l'obtention de sa licence 3G en son temps.
Free réplique également aux interrogations sur sa stratégie d'investissement en posant des questions sur celles de Bouygues Telecom, notamment sur la fibre optique. Free dépense largement plus que Bouygues Telecom à ce niveau, ce dernier s'appuyant en partie sur le réseau câble de Numericable, rapporte le journal Les Echos qui publie la lettre de Maxime Lombardini.
Free appelle à prendre un peu de distance pour voir le tableau d'ensemble et suggère que Bouygues se montre très généreux envers ses actionnaires. Sujet qui fait aussi l'objet de débats chez les analystes mais qui doit être pris avec précaution, le fonctionnement du groupe Bouygues, et ses domaines d'activité, étant très différents de celui du groupe Iliad.
Le directeur général de Free note enfin que les promesses d'aide à la négociation et à l'installation des sites pour les antennes sont un écran de fumée étant donné que Bouygues Telecom a vendu l'essentiel de ses pylônes aux sociétés TDF (dont il est actionnaire) et FPS "et vous n'êtes quasiment jamais propriétaire des toits terrasses en zone urbaine".
Difficile dans ces conditions de promettre des conditions de négociations avantageuses si Bouygues Telecom "n'a aucunement la capacité d'imposer à un bailleur tiers l'accueil d'équipements Free Mobile".
Free appelle toujours à entrer dans l'accord de mutualisation entre SFR et Bouygues Telecom qui pourrait être officialisé en fin de semaine en mettant en avant le fait qu'il ne pourra pas mettre en place un réseau équivalent au futur réseau mutualisé en l'espace de dix ans ou à celui d'Orange.
De quoi se ménager un droit à la négociation soit pour entrer dans l'accord de mutualisation soit avec Orange, sans quoi le risque de disparition d'un acteur, craint par les ministres Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin, pourrait devenir réalité, fait valoir Maxime Lombardini.