Face à la multiplication des incidents de freinages fantômes, ces arrêts d'urgence inopinés et dangereux, le ministère des Transports a décidé de prendre les devants, après des mois d'interrogations.
Un questionnaire en ligne sera bientôt disponible pour permettre aux victimes de signaler leur expérience et aider les autorités à cerner l'ampleur d'un phénomène qui inquiète de plus en plus.
Le dossier a pris une nouvelle dimension cet été, suite à la médiatisation de l'histoire de Joanna Peyrache. En avril 2025, sa Peugeot 208 s'est arrêtée net sur l'autoroute A40, passant de 120 km/h à zéro en quelques secondes et provoquant une collision.
Son témoignage a ouvert la voie à une vague de récits similaires, touchant une multitude de marques, de Peugeot à Tesla en passant par Renault, Skoda ou encore Volkswagen.
Face à cet afflux, le ministère des Transports a ouvert une enquête technique dès le mois d'août pour tenter de comprendre l'origine de ces dysfonctionnements. Si des dizaines de signalements officiels ont été reçus, les autorités estiment que ce chiffre est largement sous-évalué au vu du volume des témoignages circulant sur les réseaux sociaux, où un groupe Facebook dédié rassemble déjà plus de 700 membres.
Comment le gouvernement compte-t-il y voir plus clair ?
Pour quantifier précisément le phénomène, le ministère change de braquet. Selon une information de RTL, confirmée depuis, un questionnaire va être publié dans les prochains jours sur le site officiel du ministère.
Cet outil vise à faciliter et centraliser la collecte des signalements. Les automobilistes concernés pourront y détailler leur expérience : modèle du véhicule, date de l'incident, et description précise des circonstances.
L'objectif est de simplifier une procédure qui passait jusqu'alors par un formulaire jugé "moins accessible" du service de surveillance du marché des véhicules et des moteurs (SSMVM). Cette démarche proactive doit permettre aux enquêteurs de disposer d'une base de données beaucoup plus solide pour leurs investigations.
Le freinage automatique d'urgence, coupable idéal ?
Si l'enquête ne désigne pour l'heure aucun responsable, tous les regards convergent vers une technologie bien précise : le système de freinage automatique d'urgence (AEB).
Rendu obligatoire sur tous les véhicules neufs depuis 2022, ce dispositif de sécurité s'appuie sur des capteurs et des caméras pour détecter les obstacles et déclencher un freinage puissant en cas de danger de collision imminent.
C'est précisément ce système qui semble s'activer de manière intempestive. Plusieurs pistes sont actuellement explorées par les experts pour expliquer ces "bugs".
Des conditions météorologiques dégradées, comme une pluie battante, pourraient perturber les capteurs. Un mauvais calibrage du système, notamment après un choc ou un simple changement de pare-brise, est également une hypothèse sérieusement envisagée, car cette opération de recalibrage ne serait pas toujours effectuée par les garages.
Quelles suites pour les automobilistes ?
L'enquête technique, qui inclut des tests sur des véhicules et des auditions de constructeurs, fournisseurs et experts, devrait livrer ses premières conclusions d'ici la fin de l'année 2025.
Si un défaut technique avéré venait à être identifié, les conséquences pourraient être majeures. Le ministère pourrait imposer des mesures correctives, allant de mises à jour logicielles à des campagnes de rappels massives orchestrées par les constructeurs concernés.
En attendant, il est formellement déconseillé aux conducteurs de désactiver eux-mêmes le système AEB, qui reste un équipement de sécurité crucial capable de sauver des vies.
En cas de doute ou de comportement suspect du véhicule, la meilleure conduite à tenir est de se rendre en concession pour faire vérifier le calibrage des capteurs et s'assurer que toutes les mises à jour ont bien été effectuées.