En Italie, la tension monte d'un cran entre les médias et Google. La Fédération Italienne des Éditeurs de Journaux (FIEG) a officiellement déposé une plainte auprès de l'Agcom, le régulateur national, contre la fonctionnalité AI Overviews du géant américain. Cette action s'inscrit dans un mouvement européen plus large visant à contrer ce qu'ils qualifient de menace existentielle pour leur secteur.

Pourquoi cette fonctionnalité est-elle qualifiée de "tueur de trafic" ?

Le concept est simple et redoutable. Les AI Overviews, ces résumés générés par intelligence artificielle, s'affichent en haut des résultats de recherche.
Ils fournissent une réponse directe à la requête de l'utilisateur, qui n'a donc plus besoin de cliquer sur les liens des articles originaux pour trouver l'information. Pour la FIEG, il s'agit d'un produit qui entre en concurrence directe avec les contenus des éditeurs, réduisant drastiquement leur visibilité et par conséquent leurs revenus publicitaires, qui sont essentiels à leur financement.

AI Overviews

Existe-t-il des preuves concrètes de cette baisse de trafic ?

Les éditeurs ne se basent pas uniquement sur des craintes. Plusieurs études viennent étayer leurs accusations, parlant d'une véritable chute des clics. Une analyse de la société britannique Authoritas a révélé une baisse pouvant atteindre 80 % lorsque ces aperçus IA sont présents dans les résultats de recherche. De son côté, le Pew Research Center a montré que les utilisateurs ne cliquaient sur un lien source qu'une fois sur cent. Google, bien sûr, conteste vigoureusement ces chiffres et juge leur méthodologie erronée.

Quelle est la prochaine étape sur le plan juridique ?

L'objectif de la FIEG et de ses homologues européens, coordonnés par l'ENPA (European Newspaper Publishers’ Association), est clair : pousser la Commission européenne à ouvrir une enquête formelle. Ils estiment que Google viole des dispositions fondamentales du Digital Services Act (DSA). En mettant en péril la viabilité économique des médias, cette technologie poserait des risques systémiques non seulement pour la diversité de l'information mais aussi pour la qualité du débat démocratique dans son ensemble.