La tension monte d'un cran entre Bruxelles et Washington. La Commission européenne a finalement frappé un grand coup en infligeant une amende colossale de 2,95 milliards d'euros à Google.
En cause, des pratiques jugées anticoncurrentielles dans le secteur de la publicité en ligne. Une décision qui a provoqué une riposte de Donald Trump, menaçant de déclencher un conflit commercial.
Un abus de position dominante sanctionné
Au cœur de l'affaire se trouve l'écosystème adtech de Google. La Commission européenne reproche au géant américain d'avoir favorisé ses propres services de technologie publicitaire depuis 2014, au détriment de ses concurrents et des éditeurs en ligne.
Le groupe aurait abusé de sa position dominante en plaçant sa plateforme d'échange publicitaire AdX au centre de la chaîne d'approvisionnement, lui permettant d'évincer les bourses d'annonces publicitaires concurrentes d'AdX et de facturer des frais élevés pour son service.
L'exécutif européen a donné 60 jours à Google pour présenter des mesures correctives, laissant planer la menace d'un éventuel démantèlement de certains services si les solutions proposées sont jugées insuffisantes.
La menace de représailles américaines
Sur son réseau social Truth Social, Donald Trump a qualifié la sanction européenne de « très injuste », en soulignant que l'Europe a « frappé une autre grande entreprise américaine, privant ainsi de fonds des investissements et des emplois américains ».
Le président des États-Unis a brandi la menace d'une enquête au titre de la « Section 301 », un puissant levier commercial américain pour des droits de douane punitifs.
« L'Union européenne doit IMMÉDIATEMENT arrêter ces pratiques contre les entreprises américaines », a écrit Donald Trump dans un deuxième message. Cette escalade verbale fragilise un peu plus un cadre commercial déjà tendu entre les deux blocs économiques.
Des réactions diamétralement opposées
Du côté de Google, l'entreprise a annoncé son intention de faire appel. Lee-Anne Mulholland, vice-présidente des affaires réglementaires, estime que la décision de la Commission européenne est erronée.
« La décision impose une amende injustifiée et exige des changements qui nuiront à des milliers d'entreprises européennes en rendant plus difficile pour elles de gagner de l'argent. […] Il n'y a rien d'anticoncurrentiel à fournir des services aux acheteurs et aux vendeurs d'annonces, et il existe plus d'alternatives à nos services que jamais auparavant. »
À l'inverse, pour l'European Publishers Council, qui est à l'origine de la plainte et réunit les responsables de grands groupes de médias européens, l'amende n'est pas suffisante. L'organisation estime que seule une scission des activités de Google pourra véritablement mettre fin au monopole et sauver un secteur en difficulté.