Le géant de la technologie Google est à la croisée des chemins énergétiques. La société a récemment annoncé un accord majeur pour acheter de l'électricité issue de la fusion nucléaire, une technologie prometteuse mais encore future. Cette nouvelle, perçue comme un signe d'espoir pour l'énergie propre, contraste fortement avec la publication de son dernier rapport environnemental. Celui-ci révèle une augmentation alarmante de sa consommation d'énergie et de ses émissions de carbone. C'est le reflet d'une quête désespérée pour une électricité décarbonée, alors que la demande énergétique, notamment celle générée par l'IA, explose.

Commwealth Fusion Systems

Google parie sur la fusion : un investissement de long terme ?

L'annonce de Google concernant la fusion nucléaire est un signal fort pour l'industrie. La firme a signé un accord avec Commonwealth Fusion Systems (CFS) pour l'acquisition de 200 mégawatts d'électricité. Cette énergie proviendra de la première centrale commerciale de CFS, baptisée Arc power plant et prévue en Virginie. Un engagement de taille, représentant la moitié de la capacité future de cette centrale. Il est crucial de noter que cette centrale n'existe pas encore ; CFS doit d'abord achever son Sparc demonstration reactor, près de Boston, dont la mise en service est attendue pour 2026. L'accord de Google, bien qu'à "long terme" selon Michael Terrell, responsable de l'énergie chez Google, est un moment clé pour la fusion. Beaucoup voient en CFS un candidat sérieux pour être le premier à concrétiser une centrale commerciale de fusion.

centrale nucléaire

La consommation d'énergie de Google explose, les émissions s'envolent 

L'engagement de Google dans la fusion intervient quelques jours seulement après la publication de son rapport environnemental le plus récent. Et les chiffres sont frappants. Les émissions de Google ont bondi de plus de 50 % depuis 2019, avec une augmentation de 6 % rien que l'année dernière. C'est une trajectoire préoccupante pour une entreprise qui s'est fixée l'objectif ambitieux d'atteindre la neutralité carbone d'ici la fin de la décennie. La consommation d'électricité de ses centres de données, le cœur battant de ses opérations, a grimpé de 27 % en un an, et a même doublé depuis 2020, atteignant un volume stupéfiant de plus de 30 térawattheures. C'est l'équivalent de la consommation annuelle de toute l'Irlande. Bien que Google investisse des milliards dans les énergies propres comme le nucléaire avancé et la géothermie, ces efforts peinent à compenser une demande énergétique que l'entreprise peine visiblement à maîtriser.

Centrale nucléaire

L'IA, coupable silencieuse et en manque de transparence ?

Il est tentant, en tant qu'observateur extérieur, de pointer du doigt l'intelligence artificielle comme cause principale de cette explosion énergétique. L'IA a en effet déferlé dans tous les pans des produits et services de Google. Pourtant, le rapport minimise son rôle, affirmant que la croissance des besoins en électricité n'est "pas uniquement" due à l'IA, mais aussi à Google Cloud, la recherche et YouTube. Une déclaration qui, selon les experts, laisse une marge de manœuvre considérable. Interrogée sur la contribution relative de l'IA, la porte-parole de l'entreprise, Mara Harris, a refusé de fournir des chiffres précis. Ce manque de transparence sur la demande énergétique de l'IA est un problème récurrent dans l'industrie. Les grandes entreprises devraient divulguer davantage d'informations sur l'impact de cette technologie sur leur consommation d'énergie. Sans ces données, il devient impossible d'évaluer précisément l'ampleur des défis climatiques à venir et de trouver des solutions adaptées.

Logo Google

Le défi de l'énergie 24/7 sans carbone : un objectif atteignable ?

Google a mis d'énormes ressources dans la poursuite d'objectifs climatiques ambitieux, notamment l'approvisionnement en énergie 100 % décarbonée 24h/24 et 7j/7, partout où elle opère. Pourtant, ce rapport met en évidence la difficulté croissante de cet objectif. Bien que 66 % de la consommation de ses centres de données soit déjà couverte par de l'électricité sans carbone (par heure et par site), des disparités régionales subsistent, avec seulement 5 % en Afrique et au Moyen-Orient. Pour atteindre son but ultime, Google doit impérativement s'appuyer sur des technologies stables et décarbonées comme la fission et la fusion. Si les renouvelables (solaire, éolien) sont abondantes à court terme, la construction de nouvelles centrales nucléaires prend des années, rendant l'atteinte de l'objectif 24/7 plus complexe. L'investissement dans la fusion (CFS) et la fission (Kairos Power) est une stratégie à long terme face à ce défi colossal.

Foire Aux Questions (FAQ)

Pourquoi la consommation d'électricité de Google augmente-t-elle autant ?

La consommation électrique des centres de données de Google a doublé depuis 2020, atteignant plus de 30 térawattheures par an. Cette augmentation est attribuée à la croissance de Google Cloud, aux investissements dans la recherche (Search), à l'expansion de YouTube, et, bien que non chiffrée par Google, à l'explosion de la demande liée à l'intelligence artificielle.

Quel est l'accord de Google avec Commonwealth Fusion Systems ?

Google a signé un accord pour acheter 200 mégawatts d'électricité issue de la future première centrale commerciale de fusion de Commonwealth Fusion Systems, l'Arc power plant, prévue en Virginie. Cet accord marque l'engagement de Google dans l'énergie de fusion, considérée comme une solution propre à long terme.

Google est-il en bonne voie pour atteindre ses objectifs climatiques ?

Malgré des investissements massifs dans les énergies propres et un objectif de neutralité carbone d'ici 2030, les émissions de Google ont augmenté de 50 % depuis 2019. L'explosion de sa demande énergétique, particulièrement pour ses centres de données, rend l'atteinte de ses objectifs "24/7 sans carbone" extrêmement difficile, soulignant un défi majeur en matière de croissance et de durabilité.