La centrale nucléaire de Gravelines, située dans le Nord de la France et la plus grande d’Europe occidentale, s’est retrouvée dans une situation exceptionnelle durant ce mois d'août.
Quatre de ses six réacteurs, essentiels pour la fourniture d’électricité nationale, ont dû être arrêtés suite à l’obstruction de leurs systèmes de refroidissement par une quantité inhabituelle de méduses.
Ces animaux gélatineux, peu prévisibles, sont venus bloquer les stations de pompage où l’eau de mer, indispensable pour réguler la température des réacteurs, est aspirée. Cet incident met en lumière un risque naturel singulier mais qui pourrait se multiplier dans le contexte actuel du changement climatique.
Pourquoi les méduses stoppent-elles la centrale ?
Les centrales nucléaires côtières, comme celle de Gravelines, utilisent l’eau de mer pour refroidir leurs réacteurs. Cette eau est pompée depuis la mer du Nord, passe par plusieurs filtres avant d’atteindre le circuit de refroidissement.
Le problème est que les méduses, en raison de leur nature gélatineuse, réussissent à franchir les premiers filtres. Elles obstruent ensuite des filtres très fins appelés tambours filtrants, conçus pour ne laisser passer que l’eau.
Une fois ces filtres bouchés, le volume d’eau nécessaire diminue, rendant le refroidissement impossible. La sécurité prenant le dessus, les réacteurs concernés se mettent automatiquement à l’arrêt pour éviter tout risque, comme ce fut le cas pour les unités 2, 3, 4 et 6 de Gravelines.
Un phénomène rare mais déjà observé dans le monde
Bien qu’exceptionnelle, cette invasion n’est pas un cas isolé. Des incidents similaires ont déjà eu lieu dans plusieurs pays :
- Aux États-Unis et au Japon, où des centrales ont subi des arrêts à cause de méduses.
- En Écosse, à la centrale de Torness, qui a dû fermer plusieurs fois pour des raisons similaires.
- En Suède et au Canada, où la prolifération d’animaux comme les méduses ou les algues perturbe les systèmes de refroidissement.
Ce phénomène montre combien des éléments naturels peuvent avoir un impact direct sur la production d’énergie, rappelant la vulnérabilité des infrastructures face à l’environnement marin.
Les causes de cette prolifération de méduses
Le réchauffement climatique est un facteur majeur de cette montée en masse des méduses. L’augmentation de la température des eaux favorise leur reproduction, notamment en améliorant l’efficacité des polypes, la forme jeune et immobile des méduses.
Par ailleurs, la surpêche élimine certains prédateurs naturels, permettant aux méduses de se multiplier plus facilement. Les centrales nucléaires contribuent elles-mêmes à ce phénomène, car elles rejettent de l’eau plus chaude, créant autour d’elles un environnement propice à la prolifération de ces espèces gélatineuses. Dans ce sens, la centrale de Gravelines pourrait être un point chaud pour les méduses dans la mer du Nord.
Conséquences et solutions envisagées
La mise à l’arrêt de quatre réacteurs de Gravelines a un impact sur la production électrique, même si EDF assure qu’il n’y a pas de risque de pénurie grâce à d’autres sources.
Cette fermeture met néanmoins en lumière les dangers que représentent ces invasions naturelles pour le secteur nucléaire. Le coût des interruptions est souvent élevé, comme l’ont montré d’autres exemples internationaux où chaque jour d’arrêt se chiffre en millions d’euros perdus.
Les équipes de la centrale sont actuellement mobilisées pour nettoyer les filtres et envisager des mesures renforcées afin d’éviter de futurs incidents. Pour EDF, il s'agit de concilier la sécurité des installations avec la nécessité de maintenir une production stable, tout en prenant en compte un environnement marin en mutation constante et aux menaces parfois surprenantes.