Transformation en profondeur à l’horizon : l’alliance entre Microsoft et l’Idaho National Laboratory (INL) secoue le secteur du nucléaire, sous la supervision du DoE (Department of Energy). Leur nouvelle démarche promet de réduire comme jamais la complexité administrative liée aux permis pour les futures centrales.

Avec l’explosion de la demande d’énergie - dopée par la croissance des centres de données IA - chaque mois compte. Désormais, l’IA entre officiellement dans l’équation, et pas juste pour faire joli : elle va compiler, générer, et organiser des rapports clés, souvent ultra-techniques et volumineux, nécessaires à chaque lancement de centrale.

Un virage qui sonne comme une réponse aux priorités fixées tout en haut, du côté de la Maison Blanche, et qui n’a pas fini de faire parler de lui alors que tous les géants de l'IA se précipitent pour sécuriser des contrats d'approvisionnement en énergie.

L’IA au service des permis : gain de temps et de crédibilité

La chasse au temps mort administratif dans le nucléaire vient de s’accélérer. Fini les procédures interminables pour décrocher un permis : la solution développée autour de l’Azure AI de Microsoft attaque de front la masse de documents à produire pour convaincre la NRC (Nuclear Regulatory Commission).

Avec des modèles entraînés sur des dossiers déjà validés, l’outil sait extraire des études techniques les données attendues, assembler des rapports exhaustifs et organiser la paperasse façon « clé en main ».

centrale nucléaire

Les dossiers générés couvrent des centaines de pages, rien que ça, mais l’astuce, c’est que chaque paragraphe reste éditable par les ingénieurs et experts, à la main ou en mode collaboratif avec l’IA.

Nelli Babayan, directrice de l’IA pour les activités civiles fédérales chez Microsoft, insiste : « C’est créé pour être affiné par l’humain, donc une personne peut parcourir chacune des sections et, selon les besoins, modifier n’importe quelle section, que ce soit manuellement ou peut-être avec l’aide de l’IA - c’est vraiment à l’humain de décider ». La magie du process, c’est bien d’articuler automatisation et contrôle humain.

Un contexte politique et énergétique très favorable

Ce projet d’automatisation ne sort pas de nulle part : il s’inscrit dans la lignée des décrets signés par le président Donald Trump au mois de mai, visant à booster les autorisations de nouvelles centrales.

Pour y parvenir, il faut transformer un sprint d’endurance (plusieurs années) en course rapide (18 mois) pour décrocher le fameux sésame. Dans le viseur, la flambée des besoins en électricité des data centers IA, mais aussi la volonté de soutenir la filière nucléaire US face à ses rivaux internationaux.

datacenter

Le partenariat pourrait aussi séduire les opérateurs d’installations nucléaires existantes. Beaucoup lorgnent déjà sur l’outil pour renforcer la rentabilité de leurs sites en validant plus vite les augmentations de puissance.

Scott Ferrara, directeur adjoint à l’INL, précise : « Une montagne de données existe déjà sur environ 82 augmentations de puissance menées par le passé, et l’IA peut simplement puiser dedans pour générer une demande de modification de licence ».

Les perspectives s’annoncent larges pour les professionnels du nucléaire : simplification, économie, réactivité face au marché… autant d’avantages pour rassurer investisseurs et décideurs.

Entre innovation, pragmatisme et vigilance humaine

L’intégration de l’intelligence artificielle dans ces procédures ne vole pas la vedette aux experts du terrain : chaque document généré, chaque rapport élaboré, doit être relu, retravaillé, et validé par l’humain - à sa guise.

De quoi concilier numérisation et rigueur, tout en libérant du temps pour se pencher sur les vrais casse-tête réglementaires. Les équipes de l’INL soulignent déjà que ce tremplin technologique ne fait qu’ouvrir une nouvelle ère pour la licence nucléaire : anticipation, collaboration, mais surtout gain de flexibilité opérationnelle.

intelligence artificielle electricite IA

L'IA peut se charger de collecter et assembler les données réglementaire, tandis que l'ingénieur peut affiner des éléments ou les documenter plus précisément en fonction des besoins. Un duo gagnant ?

Cette transformation silencieuse et pragmatique du nucléaire américain ne fait que commencer. Si l’expérience s’avère concluante à grande échelle, qui sait à quel point la révolution administrative alimentée par l’IA pourrait toucher d’autres industries aux process lourds et critiques. En attendant, c’est tout un secteur qui regarde Microsoft et l’INL ouvrir la voie, avec l’espoir d’un effet boule de neige.

Les deux entités avaient déjà collaboré en 2023 pour concevoir un jumeau numérique d'un réacteur nucléaire grâce aux infrastructures cloud Azure.

On notera que cette annonce intervient au même moment que celle entre le constructeur de centrales nucléaires Westinghouse et Google Cloud pour accélérer la conception et la construction des centrales nucléaires afin de gagner là encore un temps précieux face aux impératifs de consommation électrique à venir.

Source : INL