Lors de l'exercice Northern Strike 25-2, un sergent de l'armée américaine, sans formation de pilote, a commandé avec succès un hélicoptère Black Hawk autonome via une simple tablette.
Cette première historique, rendue possible par la technologie MATRIX de Sikorsky, préfigure une transformation profonde des missions logistiques et de sauvetage en milieu hostile, réduisant les risques humains.
Durant cette expérimentation, un sergent de la Garde Nationale, qui n'est pas un aviateur de formation, a planifié et exécuté plusieurs missions à bord d'un hélicoptère Black Hawk en configuration OPV (Optionally Piloted Vehicle).
L'intégralité des commandes a été passée depuis une simple tablette tactile, marquant la première fois qu'un militaire du rang, et non un pilote d'essai ou un ingénieur, prend le contrôle total de l'appareil dans des conditions opérationnelles.
La technologie MATRIX : bien plus qu'un simple pilotage automatique
Au cœur de cette prouesse technique se trouve la technologie MATRIX, développée par Sikorsky, une filiale de Lockheed Martin, avec le soutien de la DARPA via son programme ALIAS (Aircrew Labor In-cockpit Automation System).
Il ne s'agit pas seulement d'un mode en pilote automatique amélioré mais d'une suite logicielle d'autonomie avancée qui transforme l'hélicoptère en une plateforme de vol intelligente.
Le système peut gérer seul des phases de vol complexes, de la planification de trajectoire à l'évitement d'obstacles, en passant par le décollage et l'atterrissage.
L'approche "optionnellement pilotée" offre une flexibilité tactique considérable. L'aéronef peut opérer avec un équipage réduit pour diminuer la charge de travail dans des environnements saturés, ou voler en mode totalement autonome pour des missions jugées trop dangereuses, comme le ravitaillement en zone contestée ou les opérations par très faible visibilité.
Quelles missions ont été accomplies durant cet exercice ?
L'expérimentation ne s'est pas limitée à un simple vol de démonstration. Le soldat aux commandes a mené à bien une série de missions complexes qui mettent en lumière le potentiel opérationnel de l'appareil.
La première consistait en un ravitaillement logistique planifié depuis un bateau des garde-côtes sur le lac Huron, à plus de 130 kilomètres de distance. L'opérateur a ensuite commandé plusieurs largages de précision par parachute à différentes altitudes.
Plus impressionnant encore, le Black Hawk a réalisé son tout premier accrochage autonome d'une charge externe en vol. Grâce à sa stabilité en vol stationnaire, l'appareil s'est positionné seul pour permettre à des soldats d'attacher rapidement un réservoir d'eau de plus de 1300 kg.
L'exercice a également inclus le transport de tubes de lancement pour système HIMARS et une simulation d'évacuation sanitaire, avec un transfert de patient vers un autre Black Hawk piloté, sur un terrain non préparé.
Une avancée aux implications stratégiques majeures
Cette réussite démontre qu'il est désormais possible de confier le contrôle d'aéronefs sophistiqués à des opérateurs n'ayant pas suivi des années de formation de pilotage.
Pour les commandants sur le terrain, cela se traduit par une résilience et une flexibilité opérationnelle accrues. Le fait qu'un pilote de sécurité soit resté à bord, uniquement pour se conformer aux régulations de l'espace aérien américain, ne change rien au fait que le soldat était seul maître des décisions et des actions de l'hélicoptère.
L'autonomie offerte par MATRIX permet d'envisager des missions de logistique contestée où aucun équipage n'est mis en danger, transformant le Black Hawk en un drone cargo de grande capacité.
Cette capacité à opérer sans intervention humaine constante ouvre la voie à des opérations distribuées, plus agiles et moins risquées pour les forces armées.
Cette étape réussie n'est probablement qu'un prélude. Sikorsky travaille déjà sur une version entièrement autonome de son hélicoptère, le S-70UAS U-Hawk, qui se passe complètement de cockpit. La question n'est donc plus de savoir si des machines autonomes joueront un rôle central dans les conflits de demain, mais à quelle vitesse elles seront déployées à grande échelle.
 
	 
	 
	 
	