C'est une nouvelle qui a comme un air de déjà-vu. Alors que le monde se remet à peine de la pandémie de Covid-19, des scientifiques tirent la sonnette d'alarme concernant un autre virus. Découvert chez des chauves-souris en Chine, il ne s'agit pas d'un variant du Covid, mais d'un tout autre type de coronavirus, potentiellement bien plus dangereux. Son nom : HKU5-CoV-2. Et il pourrait être sur le point de franchir la barrière des espèces.
Qu'est-ce que ce nouveau virus HKU5 ?
Le HKU5-CoV-2 est un virus qui appartient à la famille des merbecovirus. Ce détail est important, car c'est la même famille que le tristement célèbre MERS-CoV, le virus qui a provoqué le Syndrome Respiratoire du Moyen-Orient en 2012. Pour rappel, ce dernier est connu pour sa dangerosité, avec un taux de mortalité avoisinant les 35%. Le HKU5 se distingue donc clairement du SARS-CoV-2, responsable du Covid-19. Pour l'instant, ce nouveau pathogène circule uniquement chez les chauves-souris.
Pourquoi les scientifiques le considèrent-ils comme une menace ?
La menace vient de son potentiel d'évolution. Une étude publiée dans la revue Nature Communications a révélé un fait inquiétant. Il suffirait d'une seule petite mutation sur sa protéine "Spike" pour que le virus devienne capable de s'accrocher aux cellules humaines. Le Professeur Michael Letko, virologue qui a co-dirigé ces recherches, utilise des mots forts mais clairs : "Il n'est peut-être qu'à un petit pas de pouvoir se propager aux humains." Son équipe a déjà prouvé en laboratoire que le virus pouvait infecter et se répliquer dans des cellules des voies respiratoires et intestinales humaines. Le risque potentiel est donc bien réel.
Quel serait le risque en cas de transmission à l'homme ?
Si le HKU5-CoV-2 parvenait à muter et à infecter l'homme, le risque serait l'émergence d'une nouvelle maladie respiratoire. Étant donné sa parenté avec le MERS-CoV, les experts craignent qu'elle soit particulièrement sévère, voire mortelle. Les symptômes, encore hypothétiques, pourraient inclure de la fièvre, de la toux et des difficultés respiratoires. Dans un monde aussi connecté que le nôtre, une telle épidémie pourrait se propager rapidement, notamment via un animal intermédiaire qui servirait de pont entre la chauve-souris et l'homme. La France et l'Europe ne seraient alors pas à l'abri.
Plus en détails
Faut-il céder à la panique ?
Non, l'heure n'est pas à la panique mais à la vigilance. Les scientifiques sont unanimes sur ce point. Pour l'instant, il n'y a aucun cas humain recensé. L'alerte est avant tout préventive et vise à attirer l'attention des gouvernements et des autorités sanitaires sur un risque de future pandémie. En outre, l'épidémine mondiale de Covid-19 aura permis de mettre en place des protocoles et dispositifs de ralentissement des pandémies, une grande partie des pays seraient ainsi potentiellement mieux préparés à répondre à ce scénario. L'expérience de l'OMS pourrait également servir avec un temps de réaction bien plus rapide qu'avec le Covid-19.
Que préconisent les chercheurs pour l'éviter ?
Face à cette menace, les scientifiques appellent à des actions concrètes. La première est de renforcer la surveillance virologique, surtout dans les élevages d'animaux et sur les marchés où différentes espèces sont en contact. La seconde est d'être proactif en commençant à développer des vaccins ou des traitements ciblés, afin de ne pas être pris de court si le virus venait à émerger.
Qui a mené cette étude ?
Cette recherche a été conduite par une équipe de scientifiques américains de l'Université d'État de Washington. Elle a été co-dirigée par le virologue Michael Letko, un expert reconnu dans l'étude des coronavirus. Les résultats ont été publiés dans la très sérieuse revue scientifique Nature Communications.