Du fait du rôle crucial des télécommunications et des soupçons, fondés ou non, de proximité des équipementiers chinois avec les autorités de l' Empire du Milieu, il leur très difficile de s'implanter sur le marché nord-américain.
Le groupe Huawei en fait l'expérience à plusieurs reprises : souhaitant acquérir diverses sociétés, ses tentatives ont toujours été bloquées par veto du gouvernement américain même lorsque son offre financière était supérieure, ce qui a créé des tensions entre les deux pays.
Ayant manqué le rachat de fournisseurs de composants réseau et télécom, se voyant bloqué dans les négociations avec les opérateurs pour la fourniture d'équipements pour leurs réseaux mobiles, Huawei a beaucoup de difficultés pour parvenir à mettre un pied sur le continent nord-américain.
Et les responsables américains veillent au grain. Aussi, quand le Cfius, un groupe influent chargé de passer en revue les acquisitions étrangères, s'est aperçu que Huawei avait cherché à faire l'acquisition d'une petite société américaine, 3Leaf, pour seulement deux millions de dollars, sans en avoir été averti, le ton est monté d'un cran, l'équipementier chinois étant presque accusé de dissimulation.
De son côté, Huawei a affirmé que l'acquisition, de faible valeur, ne méritait pas d'être déclarée au Cfius, et que si ce dernier rendait un avis négatif sur la transaction, le groupe chinois demanderait directement au président Barack Obama de valider la transaction.
On ne plaisante pas avec l'autorité
Stupeur et indignation au Cfius, qui n'a pas pour habitude de voir ses avis contredits, tandis que pour sa part, le gouvernement chinois y a vu une nouvelle discrimination contre les sociétés chinoises aux Etats-Unis.
Devant le risque de mauvaise publicité et la forte probabilité d'un refus du gouvernement américain de valider la transaction, Huawei a finalement fait marche arrière et ne passera pas outre l'avis du Cfius.
Cette passe d'arme en dit long sur la méfiance suscitée par les équipementiers chinois et sur la crainte de les voir s'inviter dans les chaînes d'approvisionnement en composants sensibles comme les télécommunications, malgré les efforts pour afficher une certaine bonne volonté.
Mais Huawei peut avoir des arguments de séduction forts : selon le journal britannique Sunday Times, l'équipementier pourrait prendre à sa charge une part significative des 100 millions de livres sterling nécessaires à la réalisation d'un réseau mobile au sein du métro londonien pour les J.O. de 2012.
Une sorte de cadeau de l'ancien organisateur des J.O. au nouveau, mais aussi un moyen de prendre position au Royaume-Uni. La quête assidue de respectabilité sur les marchés occidentaux est à la hauteur des enjeux financiers et stratégiques.
Publié le
par Christian D.
Journaliste GNT spécialisé en mobilité / Ante-Geek des profondeurs du Web et d'ailleurs
Sur le même sujet
Cette page peut contenir des liens affiliés. Si vous achetez un produit depuis ces liens, le site marchand nous reversera une commission sans que cela n'impacte en rien le montant de votre achat. En savoir plus.