Les équipementiers chinois profitent de la forte croissance de leur marché local, tirée par le déploiement de  réseaux 3G, mais ils ont mené depuis quelques années une stratégie tournée vers l'international, sur les marchés émergents ( en Afrique et en Amérique Latine, notamment ) mais aussi sur les marchés établis occidentaux.

Si l'Europe les a accueillis sans trop de difficultés, au grand désespoir des équipementiers européens qui n'ont pas forcément les mêmes facilités en Chine et leur permettant de gagner rapidement des parts de marché, les choses ne sont pas aussi simples aux Etats-Unis.

Huawei Technologies tente ainsi depuis plusieurs années de s'ouvrir une porte d'entrée sur le marché US mais voit ses ambitions réfrénées par le gouvernement américain lui-même, peu enclin à laisser une puissance économique majeure et concurrente entrer sur ce secteur hautement sensible des télécommunications.


Une entrée barrée de tous côtés

L'équipementier chinois avait ainsi vu ses efforts pour racheter le fournisseur d'équipements réseau 3Com bloqués par les Etats-Unis en 2008, ce qui a fait les affaires de Hewlett-Packard un an plus tard et lui a permis d'enrichir une offre HP Networking combinant réseaux et serveurs / stockage.

Ne pouvant entrer par la grande porte, Huawei tente de passer par la petite en négociant un accord de fourniture avec l'opérateur US Sprint Nextel. Mais là encore, les objections sont nombreuses. Un appel lancé par plusieurs sénateurs américains ( républicains ) demande au gouvernement ( démocrate ) de Barack Obama de bloquer la négociation en raison du risque pour la sécurité nationale.


Tous les arguments sont bons
Echaudé par sa mésaventure avec 3Com, Huawei a pris les meilleurs avocats pour mener cette nouvelle opération et trouver un terrain d'entente avec le gouvernement sur cette question de sécurité. Mais les sénateurs agitent un argument-massue, en plus de celui, plus classique, des relations étroites supposées de Huawei avec les services de renseignement chinois : l'équipementier est un des clients de l' Iran, après avoir vendu des équipements à l' Irak de Saddam Hussein et aux Talibans afghans.

Sans compter les plaintes pour vol de secrets industriels, dont la réactivation de celle ouverte par Motorola en 2008 est intervenue au moment où le groupe américain revendait sa branche équipementier, récupérée par Nokia Siemens Networks, faisant dire officieusement à Huawei qu'il a été de nouveau bloqué par le gouvernement américain, malgré sa proposition d'un montant supérieur à celle de l'équipementier européen.

L'équipementier chinois reste quant à lui sur la même ligne de défense : ses liens avec les services secrets chinois seraient de l'histoire ancienne, l' Iran est un client comme un autre et ne profite pas de meilleures conditions que ses clients occidentaux et les accusations de vol de propriété industrielle ne sont pas fondées.

Il reste qu'avec autant de casseroles, réelles ou supposées, Huawei risque d'avoir bien du mal à convaincre le gouvernement américain de le laisser s'immiscer dans les réseaux de télécommunications du pays.

Source : Financial Times