En septembre dernier, Huawei a créé la surprise en lançant une gamme de smartphones Mate 60 dotés d'un processeur Kirin 9000S gravé en 7 nm par le fondeur chinois SMIC.

Les sanctions américaines contre l'industrie électronique chinoise devait en principe bloquer cette dernière au noeud 14 nm mais c'est sans compter avec la possibilité d'utiliser les équipements jusqu'à leurs limites de fonctionnement, quitte à gaspiller beaucoup de ressources et à générer des rendements faibles.

Ces conditions seraient inacceptables dans le cadre d'une activité industrielle classique mais les autres moyens d'approvisionnement en puces lui étant barrés, elles deviennent une alternative exploitable, au moins jusqu'à un certain point.

Les Etats-Unis ont rapidement renforcé leurs mesures depuis, faisant bloquer jusqu'aux exportations d'équipements de lithographie DUV permettant à la Chine d'avancer malgré tout sur la finesse de gravure.

Bientôt des puces chinoises gravées en 5 nm ?

Et ce ne serait pas fini. Le Financial Times rapporte que Huawei et SMIC préparent une capacité de gravure en 5 nm pour cette année, malgré tous les efforts des USA pour les en empêcher.

De nouvelles lignes de production sont en train d'être mises en place à Shanghai pour des puces Kirin à partir d'équipements déjà détenus par SMIC et sans doute là encore poussés dans leurs retranchements.

Huawei Mate 60 Pro 03

Ces puces Kirin gravée en 5 nm et développées par HiSilicon pour Huawei seraient destinées à de futurs smartphones premium (la série Mate 70 attendue en fin d'année ?).

Sachant que les meilleurs fondeurs mondiaux proposent au mieux actuellement des puces gravées en 3 nm et ne lanceront le 2 nm que vers 2025, l'industrie chinoise ne serait donc pas si loin des meilleures techniques du moment, même si l'efficacité industrielle et les rendements seront sans doute très différents.

Une progression malgré les sanctions

Surtout, cela semble montrer que la Chine parvient à progresser petit à petit malgré les restrictions commerciales qui lui sont imposées. Une capacité de gravure en 7 nm et plus encore en 5 nm devraient donner des moyens pour développer des puces mobiles et pour datacenters.

Le Financial Times évoque ainsi une puce Ascend 920 qui pourrait profiter de cette gravure en 5 nm, mais aussi une augmentation des capacités de production en 7 nm pour répondre aux besoins de Huawei dont les ventes de smartphones ont fortement progressé en Chine ces derniers mois.

Tout ceci doit permettre à la Chine de gagner en indépendance et de ne plus avoir à compter sur les composants électroniques venus d'Occident et toujours plus difficiles à obtenir.

Mais cela a un coût : 40 à 50% de plus que les tarifs pratiqués par TSMC pour un rendement représentant moins d'un tiers de ceux du fondeur taiwanais. Il faut donc forcément sortir de la logique industrielle et s'appuyer sur un soutien du gouvernement chinois, le tout dans une optique stratégique pour le pays.

Source : Financial Times