L'étau se resserre sur Huawei et ZTE. La Commission Européenne, sous l'impulsion de la vice-présidente Henna Virkkunen, travaille activement à rendre l'exclusion des "fournisseurs à haut risque" (comprendre : chinois) légalement obligatoire dans tous les États membres.
Ce qui n'était qu'une "recommandation" en 2020 pourrait devenir une règle contraignante, bouleversant le paysage des télécoms en Europe. Le débat, initié par les États-Unis sous Trump, revient en force et l'Allemagne, un bastion clé de Huawei, est en train de pivoter.
Pourquoi la Commission durcit-elle le ton maintenant ?
Jusqu'ici, la "boîte à outils 5G" de 2020 était une simple incitation. Les décisions restaient nationales. Résultat : une approche inégale. Des pays comme la Suède ont banni Huawei, tandis que l'Espagne ou la Grèce continuent d'utiliser massivement leurs équipements.
Bruxelles craint que ce manque d'unité n'expose l'ensemble de l'UE à des risques de sécurité majeurs. C'est cette approche inégale que la Commission veut stopper. Henna Virkkunen veut donc passer à la vitesse supérieure en transformant la recommandation en exigence légale. Les pays récalcitrants pourraient faire face à des procédures d'infraction et des amendes financières.
Quel est le rôle de l'Allemagne dans ce dossier ?
L'Allemagne est la pièce maîtresse. C'est le plus grand marché de Huawei en Europe, avec environ 60% de son réseau d'accès radio (RAN) 5G fourni par l'entreprise chinoise. Jusqu'en 2024, Berlin s'était contenté d'exclure Huawei du "cœur" de réseau (déjà fait par les opérateurs).
Mais un document récent du régulateur (BNetzA) change tout : il propose de classer l'intégralité du RAN (antennes incluses) comme "critique". C'est un revirement majeur. Si cette définition est adoptée, ce serait une exclusion de fait pour Huawei.
Quelles seraient les conséquences d'une telle interdiction ?
Elles seraient massives. Pour les opérateurs télécoms (comme Deutsche Telekom), c'est un casse-tête. Ils gèrent des réseaux critiques et ont toujours résisté, arguant que la technologie de Huawei est moins chère et plus performante.
Un "rip and replace" (retirer et remplacer) coûterait des milliards (2,5 milliards € juste pour l'Allemagne, selon une estimation de Barclays). Pour Nokia et Ericsson, les rivaux européens, ce serait une victoire commerciale immense. Pour la Chine, c'est une attaque politique, qui promet des représailles. La Commission envisage même de bloquer les fonds (Global Gateway) aux pays non-UE qui utiliseraient Huawei.
Foire Aux Questions (FAQ)
Quels sont les pays qui résistent encore ?
Si la Suède a banni totalement Huawei (ce qui a provoqué des représailles chinoises), d'autres pays comme l'Espagne et la Grèce continuent d'autoriser largement les équipements chinois dans leurs réseaux télécoms. C'est cette approche inégale que la Commission veut stopper.
Pourquoi le réseau RAN est-il si important ?
Le "cœur" de réseau est le cerveau. Le RAN (Radio Access Network) ce sont les antennes et les stations de base. L'Allemagne (et les opérateurs) considérait que le RAN n'était pas critique, mais les régulateurs estiment maintenant que la 5G rend la distinction entre les deux floue, et qu'un risque existe aussi au niveau des antennes.
Huawei et ZTE sont-ils les seules cibles ?
L'UE parle de "fournisseurs à haut risque" sans les nommer, mais l'ancien commissaire Thierry Breton les avait explicitement désignés (Huawei et ZTE). La pression vient des craintes de sécurité nationale et des liens de ces entreprises avec Pékin.