La collecte des déchets s'apprête à entrer dans une nouvelle ère en Essonne. L'agglomération Grand Paris Sud a annoncé le déploiement, prévu pour le premier semestre 2026, d'une flotte de camions-poubelles intelligents.
En partenariat avec les start-ups françaises Ficha et Lixo, ces véhicules seront équipés d'un système de capteurs et d'intelligence artificielle capable d'analyser en direct le contenu des bennes pour révolutionner la gestion du tri sur un territoire de 23 communes et plus de 360 000 habitants.
Comment cette technologie va-t-elle analyser nos déchets ?
Le système est à la fois simple dans son concept et technologiquement avancé. Des capteurs installés à l'intérieur de la benne du camion prennent une série de photos à chaque fois que des poubelles y sont vidées. Une intelligence artificielle analyse alors ces clichés en temps réel pour identifier les erreurs de tri les plus courantes.
Couplée aux données de géolocalisation du camion, cette analyse permet de créer une cartographie précise des zones où le tri est le moins bien respecté. L'objectif n'est pas de pénaliser les habitants, mais de passer d'une sensibilisation de masse à une approche chirurgicale et personnalisée.
Quel est le but de cette surveillance des poubelles ?
Jusqu'à présent, la tâche de sensibiliser au tri des déchets sur ce vaste territoire reposait sur les épaules de seulement trois "ambassadeurs déchets". Une mission quasi impossible. Grâce à l'IA, ces équipes pourront désormais cibler leurs interventions.
Elles sauront exactement dans quels quartiers ou même quelles rues se concentrent les erreurs et pourront ainsi organiser des campagnes de porte-à-porte beaucoup plus efficaces, en donnant des conseils adaptés aux problèmes spécifiques observés. C'est un changement de paradigme qui vise à optimiser l'effort humain plutôt qu'à le remplacer.
Cette technologie est-elle économiquement viable ?
L'équipement de la flotte de camions-poubelles représente un investissement non négligeable pour la collectivité, estimé à 110 000 euros par an. Cependant, les économies attendues sont bien plus importantes. L'agglomération table sur un gain d'environ 300 000 euros pour 100 000 habitants.
Ces économies proviennent d'une meilleure valorisation des déchets — un tri plus efficace signifie des matériaux mieux recyclés et donc plus rentables — mais aussi de la prévention des accidents liés à la présence d'objets dangereux dans les bennes. Un premier bilan sera tiré d'ici deux à trois ans, mais l'optimisme est de mise.
Foire Aux Questions (FAQ)
Mes données personnelles sont-elles collectées par ce système ?
Non, le système est conçu pour être anonyme. Il analyse le contenu global de la benne après la collecte de plusieurs bacs et non le contenu d'une poubelle individuelle. L'objectif est de produire des statistiques par secteur géographique pour guider les campagnes de sensibilisation, et non de surveiller ou de sanctionner des foyers spécifiques.
Cette technologie va-t-elle remplacer les éboueurs ?
Absolument pas. Les éboueurs restent au cœur du processus de collecte. L'IA est un outil d'aide à la décision qui leur est destiné, ainsi qu'aux équipes de prévention. Elle vise à rendre leur travail plus sûr et plus efficace, mais ne se substitue en aucun cas à l'intervention humaine.
D'autres villes en France utilisent-elles cette technologie ?
L'initiative de Grand Paris Sud est l'une des plus ambitieuses à cette échelle en France. D'autres collectivités testent des technologies similaires, comme des capteurs de remplissage dans les conteneurs, mais l'analyse en temps réel du contenu des bennes par IA reste une approche pionnière qui pourrait, si elle s'avère concluante, être adoptée par de nombreuses autres agglomérations à l'avenir.