Dans une étude publiée dans la revue Science Advances, un groupe de recherche met en avant des inquiétudes liées à l'émergence de l'intelligence artificielle générative utilisée afin de produire des livres, de la musique, ou des oeuvres d'art.
M. DOshi et Oliver Hauser de l'université d'Exeter ont recruté 300 volontaires qui n'étaient pas des écrivains professionnels. Ces derniers ont mené un test psychologique consistant à donner 10 mots complètement différents.
Les participants ont ensuite été répartis dans trois groupes. Chacun était chargé de rédiger un récit de 8 phrases sur un des trois thèmes suivants : une aventure en haute mer, une aventure dans la jungle ou une aventure sur une autre planète.
Le premier groupe n'a pas bénéficié de l'aide d'aucune IA, le deuxième a obtenu une aide d'histoire en trois phrases via ChatGPT et le troisième a pu recevoir jusqu'à cinq idées d'histoires générées par l'IA.
Une fois les récits achevés, les groupes ont dû évaluer la créativité de leur propre travail en fonction de différents critères comme leur potentiel, le plaisir ressenti à l'écriture... Les récits ont également été soumis au jugement d'un autre groupe de 600 personnes selon des critères identiques.
Du bon et du moins bon.
L'étude met ainsi en avant que l'IA aurait amélioré la créativité individuelle de l'auteur de 10% et dopé son plaisir à la rédaction de 22%. Ce plaisir est principalement dû à la capacité de l'IA à proposer de façon très concentrée une structure riche en rebondissements. Bien évidemment, ces avantages ont été davantage perçus par les participants considérés comme les moins à l'aise en rédaction et les moins créatifs.
Mais globalement, au niveau collectif, la situation se veut très mitigée : il ressort ainsi que, peu importe le thème, les histoires écrites avec l'aide de l'IA présentent de très grandes similitudes. Situation qui ne se constate pas avec les productions du groupe qui n'a pas bénéficié de l'aide de l'IA.
Il ressort ainsi que les auteurs seraient trop ancrés dans les idées suggérées par l'IA.
L'étude pointe ainsi du doigt le risque que l'IA donne un sentiment de facilité dans la production de contenu, ce qui encouragerait les auteurs à se reposer sur elle... D'une simple aide, ce serait finalement l'IA qui prendrait la main sur la nature, la structure, l'orientation du contenu sans même que l'auteur ne s'en aperçoive, quitte à mettre de côté ses propres talents.
Le risque à long terme serait de voir des livres, de la musique ou des oeuvres d'art qui proposent finalement tous la même chose à quelques détails près. Et c'est d'ailleurs ce à quoi on assiste déjà dans la production de visuels par l'IA : un oeil aiguisé peut rapidement repérer la "patte" de l'intelligence artificielle et rapidement distinguer les images réalisées via ces outils.