Pouvoir traduire directement les pensées et les exploiter dans des interfaces est un projet de long terme de plusieurs startups et grands groupes high-tech dans la perspective d'une redéfinition de l'interface homme-machine.
La correction de handicaps à l'aide d'un implant cérébral est un premier pas dans cette direction et les progrès sont de plus en plus rapides. Une expérimentation récente ouvre ainsi de nouvelles perspectives.
Un homme incapable de prononcer des paroles intelligibles a retrouvé la capacité de s'exprimer grâce à un implant cérébral implanté dans son cortex moteur. L'implant, aidé d'une intelligence artificielle, permet de transformer sa pensée en mots en analysant l'activité corticale.
Transcription en temps réel et riche en émotion
Cette possibilité avait déjà été démontrée dans des expérimentations antérieures mais la nouveauté ici est que la transcription de la pensée en paroles est réalisée en quasi-temps réel, avec un délai de trois secondes entre la pensée formulée et sa transcription, et ce sans attendre que le patient ait finit de formuler la phrase dans sa tête.
Mais là où cette expérimentation va encore plus loin, c'est que, loin de transcrire la pensée d'un voix neutre monocorde, la pensée est traduite en mots avec des intonations, modulant différents éléments comme le ton, l'emphase et la hauteur de son pour produire une transcription en langage naturel propre à mieux exprimer du sens et de l'émotion.
Le patient, atteint de sclérose latérale amyotrophique, pouvait formuler des sons mais avait une élocution très lente et difficile à comprendre. Après pose d'un implant de 256 électrodes analysant les signaux de son cerveau toutes les 10 millisecondes, et à l'aide d'une IA qui décode l'intention de s'exprimer, il a pu retrouver la voix.
Un plus grand degré de liberté que les systèmes classiques
Plutôt que de chercher à transcrire les sons peu intelligibles produits par le patient, le système transcrit ainsi ce qu'il veut dire en intégrant même des interjections et des vocalisations et ne nécessite pas un dictionnaire de mots figé.
Le cortex moteur est la partie centrale du cerveau où est inscrit le chiffre 9 sur l'illustration
La voix synthétique a en outre été produite à partir d'enregistrements vocaux du patient avant que sa maladie ne se soit déclarée, de sorte que c'est l'équivalent de sa voix d'avant la maladie qui est utilisée.
Le couplage électrode cérébrale et intelligence artificielle offre ainsi plus de liberté que les systèmes traditionnels dans la capacité de transcription, en permettant de vocaliser des mots pas forcément intégrés à l'entraînement IA, et dans la possibilité de créer une voix plus naturelle et porteuse d'émotion.