La course à l'ordinateur quantique vient de prendre un virage décisif. Des équipes de l'Université de Californie à Riverside et de l'Université de l'Illinois Urbana-Champaign ont démontré, quasi simultanément, que l'avenir de cette technologie ne réside pas dans la quête d'un processeur monolithique parfait, mais dans l'assemblage intelligent de modules plus petits et imparfaits.

Cette approche modulaire, comparée à des briques de construction, permet de contourner l'un des plus grands obstacles actuels : la difficulté de produire des puces quantiques à grande échelle sans défaut.

Pourquoi la modularité est-elle une avancée si cruciaIe ?

Construire un informatique quantique d'un seul bloc est un défi colossal. La fragilité des qubits, les unités d'information quantique, rend les erreurs quasi inévitables à grande échelle.

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La modularité change toutefois sérieusement la donne : elle permet de fabriquer des puces plus petites, de meilleure qualité, puis de les interconnecter.

L'équipe de l'Université de l'Illinois a prouvé l'efficacité de cette méthode en reliant des qubits supraconducteurs avec des câbles coaxiaux, atteignant une fidélité de près de 99%. C'est la démonstration qu'on peut assembler, désassembler et reconfigurer un système sans perte de performance majeure.

Les connexions imparfaites sont-elles encore un problème ?

C'était la grande crainte. Les liaisons entre les puces, surtout si elles se trouvent dans des réfrigérateurs cryogéniques différents, génèrent beaucoup plus d'erreurs que les opérations au sein d'une même puce. Cependant, l'étude de l'UC Riverside apporte une réponse surprenante.

Leurs simulations, basées sur l'infrastructure de Google, montrent que même si les connexions inter-puces sont dix fois plus "bruyantes" que les puces elles-mêmes, le système global peut toujours corriger efficacement les erreurs.

Quantique

La condition ? Que chaque module individuel maintienne une haute fidélité opérationnelle. L'exigence matérielle est donc revue à la baisse.

Quelles sont les implications concrètes de ces recherches ?

L'impact est immédiat. Il n'est plus nécessaire d'attendre une percée technologique pour des composants parfaits. Les chercheurs peuvent dès maintenant commencer à construire des ordinateurs quantiques tolérants aux pannes en utilisant la technologie existante.
En s'appuyant sur des techniques de correction d'erreurs comme le code de surface, cette architecture modulaire ouvre la voie à des machines capables de s'attaquer à des problèmes complexes dans des domaines variés : cryptographie, découverte de médicaments ou encore modélisation climatique. L'avenir du quantique ne sera pas une machine géante, mais un réseau de modules interconnectés.

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Foire Aux Questions (FAQ)

Qu'est-ce qu'un qubit ?

Un qubit est l'équivalent quantique du bit classique utilisé en informatique. Alors qu'un bit ne peut avoir que deux états (0 ou 1), un qubit peut exister dans une superposition de ces deux états simultanément, ce qui démultiplie la puissance de calcul.

Quelle est la différence entre un ordinateur quantique monolithique et modulaire ?

Un système monolithique est construit comme une seule grande unité, ce qui le rend difficile à faire évoluer et sensible aux défauts. Un système modulaire est composé de plusieurs petites unités (modules) interconnectées, ce qui offre plus de flexibilité, de facilité de mise à niveau et de tolérance aux pannes.

Qu'est-ce que la tolérance aux pannes en informatique quantique ?

C'est la capacité critique d'un système quantique à détecter et corriger automatiquement les erreurs qui surviennent naturellement en raison de la nature instable des qubits. Sans tolérance aux pannes, les calculs à grande échelle sont tout simplement impossibles à réaliser de manière fiable.