L'industrie du quantique se portait bien jusqu'à présent et les valorisations des startups du secteur ont connu de belles croissances ces derniers trimestres. Mais ça, c'était avant que Jensen Huang, dirigeant de Nvidia, ne fasse des commentaires au CES 2025 de Las Vegas.
En affirmant que les ordinateurs quantiques étaient encore très loin de la commercialisation et qu'il faudrait sans doute attendre encore 15 à 20 ans, l'homme fort de Nvidia a créé un froid et semé un trouble qui a fait durement chuter les cours en Bourse des entreprises du quantique.
Pour lui, le nombre de qubits embarqués devra augmenter de plusieurs ordres de grandeur et passer à des centaines de milliers ou des millions pour rendre les ordinateurs quantiques concrètement utilisables.
Des déclarations qui font plonger le secteur quantique
Certes, l'annonce récente de Google sur les améliorations du taux de correction d'erreur, essentiel pour fournir des résultats cohérents au-delà de l'augmentation du nombre de qubits, est une belle avancée mais pour, Jensen Huang, la promesse du quantique n'est pas encore mature en dehors de calculs très spécifiques et théoriques.
Le miracle de la suprématie quantique, pour laquelle un ordinateur quantique pourrait surpasser l'informatique traditionnelle d'une façon irrattrapable, n'est pas encore advenu.
Pour Nvidia, l'IA en priorité mais le quantique a aussi son intérêt
Cette vision semble avoir refroidi fortement les investisseurs qui n'avaient pourtant pas hésité à dépenser des milliards en R&D ces dernières années et les quatre grandes entreprises du quantique, Rigetti Computing, D-Wave Quantum, Quantum Computing et IonQ ont toutes perdu gros en voyant leur cours reculer de 40% environ, pour une perte de capitalisation estimée à 8 milliards de dollars, selon Reuters.
Il est vrai que ces entreprises, valorisées à plusieurs dizaines de milliards de dollars, ne génèrent encore que des revenus de quelques dizaines de millions de dollars par an, mais ce n'est que partie remise, assurent les analystes et observateurs qui s'attendent à de gros contrats gouvernementaux une fois un certain cap technique atteint.
En attendant la percée majeure
D'autres, comme D-Wave, font valoir à CNBC que des systèmes quantiques commerciaux existent déjà et sont utilisés par de grandes entreprises comme Mastercard ou l'opérateur japonais NTT DoCoMo.
Et puis il y a quantique et quantique, entre les qubits physiques refroidis et les qubits sur silicium ou logiques, avec des cycles de développement et des attentes différentes.
Et justement, Nvidia a développé des solutions qui veulent faire le lien entre informatique traditionnelle et quantique, en attendant que ce dernier tienne sa promesse de faire mieux que l'informatique classique.
Les propos de Jensen Huang vont sans doute dans ce sens d'une présence opportune de Nvidia là où le quantique demandera encore de longues années de développement, et dont les solutions peuvent contribuer à développer les ordinateurs quantiques de demain.
Il reste que le secteur quantique peine pour le moment à générer des revenus conséquents et à convaincre de pouvoir faire au moins aussi bien que l'informatique classique, hors cas très spécifiques de benchmarks spécialisés.