Le débat entre le confort du physique et la praticité du numérique vient de prendre une tournure écologique. Et les chiffres ont beaucoup évolué au fil des années, jusqu'à un retournement de situation inattendu...
Une nouvelle étude menée par le cabinet français d'analyse carbone Greenly, intitulée "The Carbon Footprint of Gaming", met des chiffres précis sur ce que l'on suspectait : les jeux physiques sont bien plus dommageables pour la planète. Mais l'ampleur du désastre surprend : ils seraient plus de 100 fois plus intensifs en carbone.
Quel est l'impact réel d'un jeu en boîte ?
L'étude de Greenly compare la production d'un million de jeux. Pour les versions physiques, le processus de fabrication (extraction de métaux rares, production de plastique) et le transport mondial génèrent 312 tonnes de dioxyde de carbone. C'est colossal.
Le physique contribue aussi massivement aux décharges avec les millions de boîtiers plastiques qui finiront inévitablement à la poubelle au fil des ans.
Le jeu numérique est-il vraiment "propre" ?
Non, le digital n'est pas neutre, mais l'écart est immense. Le même million de jeux (estimé à 70GB) en téléchargement ne produit que 3 tonnes de CO2.
Cette émission provient de l'électricité nécessaire pour alimenter les serveurs des data centers et de la consommation électrique au domicile du joueur lors du téléchargement. C'est 100 fois moins. Le cloud gaming, lui, est plus gourmand à cause de l'accès continu aux serveurs.
Si pendant des années, le maintien des jeux sur des serveurs disponibles 7 jours sur 7 et 24h sur 24 portait préjudice au numérique, entre temps, ces mêmes datacenters ont beaucoup évolué pour faire baisser leur empreinte carbone, notamment avec des systèmes de refroidissement plus performants, mais surtout via le recours massif aux énergies renouvelables dont la production a littéralement explosé ces dix dernières années.
Quelle est la solution la plus écologique ?
Greenly ne conclut pas qu'il faut arrêter le physique. L'étude suggère que la meilleure solution serait de relancer le marché de l'occasion. Malheureusement, la tendance des jeux physiques fantômes (un code dans une boîte vide) et des serveurs qui ferment tue ce marché.
L'étude note aussi que les consoles portables, comme la Nintendo Switch (13.8kg CO2e/an), sont l'option la plus écologique, loin devant les consoles de salon (1.6M tonnes de CO2e aux US).
Foire Aux Questions (FAQ)
Les consoles elles-mêmes polluent-elles ?
Oui. L'étude de Greenly estime que les consoles de salon aux États-Unis consomment à elles seules 3.9 TWh (terawatt-heures) d'électricité par an, générant 1.6 million de tonnes de CO2e (équivalent dioxyde de carbone).
Que font les constructeurs pour l'environnement ?
Certains s'adaptent. Microsoft, par exemple, a été particulièrement actif sur ce sujet, en mettant en avant son utilisation de matériaux recyclés pour ses consoles et en intégrant des modes d'économie d'énergie plus performants.