Après des décennies de lancements de satellites demandant un temps long de préparation et le risque de tout perdre en cas de problème lors de la mise en orbite, le marché s'oriente désormais vers le développement de petits satellites de conception plus simple et dédiée, facilement remplaçables et pouvant être mis en orbite sans faire appel à de grandes et coûteuses fusées.
Le marché des smallsats est en plein développement alors que l'accès à l'espace se démocratise et qu'il devient plus facile d'y accéder. La startup française Latitude veut tenter sa chance avec le développement d'une micro-fusée Zephyr qui pourrait répondre aux besoins des lancements peu coûteux de petits satellites commerciaux.
50 lanceurs Zephyr par an d'ici 2030
Et les choses s'accélèrent pour l'entreprise qui vient de changer de site pour se donner les moyens de ses ambitions. Elle vient d'emménager à Reims sur un ancien site d'AstraZeneca pour concrétiser son objectif : être capable de produire jusqu'à 50 micro-lanceurs Zephyr à l'année et répondre ainsi à la forte demande.
L'entreprise de 170 salariés doit faire décoller la première fusée Zephyr depuis la base de Kourou, en Guyane française, sur le second semestre 2026 et espère bien ensuite enchaîner les lancements grâce à sa capacité de production.
La majorité des composants devra pouvoir être produite sur le nouveau site en faisant appel à de l'impression 3D et l'entreprise investit 50 millions d'euros pour être en capacité de monter en puissance aussi vite que possible et ne rien manquer d'un marché en ébullition.
Le choix du site permet à Latitude d'y regrouper aussi sa R&D afin de pouvoir très vite tester et concrétiser les idées sur place. Le marché suit et le carnet de commandes est déjà plein.
Retrouver une certaine indépendance européenne
Si la fusée Zephyr, de 20 mètres de haut, n'a pas encore décollé, elle répond déjà aux attentes d'une partie de l'industrie par son format et le coût faible des missions. Elle porte des moteurs Navier conçus par Latitude et peut embarquer jusqu'à 200 Kg de charge utile en orbite basse (son marché principal) ou 80 Kg en orbite héliosynchrone.
Plus largement, Latitude fait partie de ces entreprises visant à redonner à l'Europe une souveraineté spatiale trop souvent abandonnée au profit des entreprises américaines, SpaceX en tête.
Le Vieux Continent a connu un temps mort en 2024 avec les retards au lancement d'Ariane 6 et les déboires de la fusée légère Vega C. La micro-fusée Zephyr se positionne à un autre niveau en visant un segment de marché spécifique mais très actif et qui pourrait permettre d'imaginer des lancements directement depuis l'Europe.