Dans notre monde hyperconnecté, immortaliser l'instant avec son smartphone est devenu un réflexe. Mais attention, un nouveau péril, aussi invisible qu'insidieux, guette les objectifs de nos précieux téléphones : le Lidar embarqué sur un nombre croissant de véhicules modernes. L'anecdote, ou plutôt la mésaventure, d'un utilisateur de Reddit filmant un Volvo EX90 a récemment fait le tour de la toile, illustrant de manière brutale comment ce capteur, essentiel à la conduite assistée, peut infliger des dommages irréversibles à un appareil photo de smartphone. Un rappel que la technologie, si avancée soit-elle, n'est pas sans quelques effets de bord surprenants.

Lidar : l'œil laser des voitures modernes, un danger pour nos smartphones ?

Pour bien comprendre le risque, il faut d'abord saisir ce qu'est le Lidar. Acronyme de "Light Detection and Ranging", cette technologie est en quelque sorte les yeux laser des voitures intelligentes. Elle projette en continu des milliers de faisceaux lumineux, généralement dans l'infrarouge (donc imperceptibles pour nous), afin de sonder l'environnement. En analysant le retour de ces signaux lumineux après qu'ils ont rebondi sur les obstacles, un ordinateur est capable de dresser une carte 3D ultra-précise des alentours du véhicule. C'est un peu comme utiliser un télémètre laser, mais en le montant sur une tourelle rotative qui balaie l'espace à toute vitesse. Un atout indispensable pour de nombreux systèmes d'aide à la conduite et pour la vision des futures voitures autonomes – même si certains constructeurs, comme Tesla, explorent d'autres voies. Si ces lasers sont calibrés pour être sans danger pour l'œil humain (les systèmes comme celui de Volvo respectent la norme Classe 1, utilisant des longueurs d'onde 1550 nanomètres qui n'atteignent pas notre rétine), la donne change radicalement pour les capteurs photographiques de nos smartphones. Ces derniers, bien plus sensibles, n'apprécient guère d'être directement exposés. Lorsqu'un faisceau Lidar, concentré par l'objectif, atteint la surface photosensible du capteur, il peut y provoquer une surchauffe intense, allant jusqu'à "griller" littéralement des pixels. La conséquence ? Des taches colorées ou des traînées indélébiles qui viennent ruiner les clichés futurs, comme l'a tristement constaté l'auteur de la vidéo virale.

Never film the new Ex90 because you will break your cell camera.Lidar lasers burn your camera.
byu/Jeguetelli inVolvo

Le zoom fatal : pourquoi les téléobjectifs sont-ils plus vulnérables ?

Tous les objectifs de nos smartphones ne sont pas égaux face à ce bombardement laser invisible. Le véritable danger survient le plus souvent lorsque l'on utilise le téléobjectif, celui qui permet de zoomer sur des sujets éloignés. Les smartphones actuels embarquent en effet plusieurs modules caméra distincts, chacun avec sa propre optique. Les téléobjectifs par leur conception même – avec un chemin optique plus resserré et des ouvertures souvent plus petites pour capter la lumière lointaine – ont la fâcheuse tendance à concentrer davantage les faisceaux lumineux incidents sur une zone très réduite du capteur photo. C'est cet effet de loupe qui transforme les impulsions Lidar, normalement diffuses, en véritables brûlots pour les pixels. La vidéo qui a fait le buzz en est une parfaite illustration : les dégâts n'apparaissent à l'écran que lorsque l'utilisateur active le zoom pour se rapprocher du Lidar du véhicule. En désactivant le zoom, la caméra bascule sur l'objectif grand-angle principal, et les marques disparaissent de l'image (le capteur associé étant, lui, resté indemne). S'il est vrai que les objectifs grand-angle sont moins exposés au risque à une distance respectable de quelques mètres, la plus grande prudence s'impose dès que l'on s'approche d'un smartphone.

Se protéger du Lidar : conseils et avertissements à ne pas ignorer

Ce risque, s'il surprend le grand public, n'est pas une totale nouveauté pour les professionnels de l'image, parfois confrontés à des caméras professionnelles endommagées par les puissants lasers utilisés dans les spectacles. Avec la multiplication des Lidar sur les véhicules de M. et Mme Tout-le-Monde, la question de la protection des appareils du quotidien se pose un peu plus. Certains constructeurs, comme Volvo – dont un modèle EX90 s'est retrouvé bien malgré lui au centre de cette affaire – incluent d'ailleurs des avertissements spécifiques dans leurs manuels. Suite à cet incident largement relayé, un porte-parole de la marque suédoise a rappelé qu'il est "généralement conseillé d'éviter de pointer un appareil photo directement vers un capteur Lidar", car "la lumière laser émise [...] peut potentiellement endommager le capteur de l'appareil photo ou affecter ses performances." Des solutions comme l'utilisation de filtres protecteurs ou de caches objectifs sont évoquées, et certaines caméras plus récentes pourraient même embarquer des protections natives. En attendant que ces protections deviennent la norme, une règle d'or s'impose : la prudence. Mieux vaut donc y réfléchir à deux fois avant de vouloir immortaliser de trop près le module Lidar d'une automobile en action, sous peine de transformer son précieux téléphone en une machine à créer des œuvres d'art pointillistes involontaires.