Les conditions de vie sur Terre reposent sur un ensemble de facteurs dont l'équilibre ne peut être modifié sans conséquences. L'accélération de l'activité humaine et les pollutions qu'elle génère sont en train de faire bouger les curseurs avec des conséquences difficiles à mesurer mais qui annoncent globalement un contexte moins favorable pour beaucoup de formes de vie...dont les humains.
Pour tenter d'appréhender le phénomène, neuf limites planétaires ont été définies avec des seuils dont le dépassement génère une dégradation de la qualité de vie et déclenche potentiellement des effets boule de neige s'aggravant les uns les autres.
En 2010, trois de ces limites planétaires avaient été considérées comme franchies : hausse des concentrations de CO2 dans l'atmosphère, perturbation des cycles de l'azote et du phosphore, ainsi qu'effondrement de la biodiversité.
Trop chauds, trop acides, les océans au point de bascule
En 2023, le décompte est passé à six limites franchies en ajoutant la déforestation massive transformant les sols, la raréfaction de l'eau douce et la pollution massive par produits chimiques de synthèse, notamment les micro-plastiques se retrouvant partout.
Le Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK) relève qu'une septième limite planétaire est sur le point de tomber : l'acidification des océans qui conduit au double problème d'une eau plus acide devenant nocive pour la vie marine et d'une moindre capacité à capter le CO2 en excès dans l'atmosphère.
La septième limite planétaire sur le point d'être franchie (source : PIK)
L'acidification des océans est un phénomène marqué par une forte inertie, ce qui signifie qu'une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre ne suffirait pas à bloquer son effet qui va persister sur un temps long et amplifier le dérèglement d'autres phénomènes naturels, rendant la Terre toujours moins vivable.
La Terre va mal
Il ne resterait donc bientôt plus que deux limites planétaires encore dans le vert : la couche d'ozone dans la stratosphère qui semble s'être remise depuis l'interdiction des aérosols de type CFC, et la charge de l'atmosphère en particules fines, toujours sous contrôle mais qui se rapproche de sa limite.
Pour le PIK, "notre diagnostic mis à jour montre que les organes vitaux du système Terre s'affaiblissent, conduisant à une perte de résilience et une augmentation d'atteindre des points de non retour".
Ces limites planétaires ne sont pas toutes irréversibles et certains marqueurs peuvent revenir à des niveaux acceptables mais la multiplication des perturbations accélère le phénomène de dégradation générale.
Les chercheurs appellent une fois de plus à une action collective et d'ampleur mondiale tout en indiquant que chaque geste au niveau local peut aussi avoir un effet sur la situation globale.