C'est un événement aussi rare qu'inquiétant qui s'est produit dans les entrailles du musée le plus visité au monde. Le 22 juillet 2025, un restaurateur-archéologue du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) a été irradié par l'accélérateur de particules Aglaé.

L'incident, qui a entraîné une brûlure radiologique au premier degré, a été classé au niveau 3 sur l'échelle INES par l'Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR), ce qui en fait le plus grave accident de ce type en France depuis 2008.

Louvre incident nucléaire

Que s'est-il passé dans le sous-sol du Louvre ?

L'accident s'est produit alors que le technicien analysait une trompette antique. En voulant manipuler l'objet, il a malencontreusement passé son bras devant le faisceau de l'accélérateur de particules, qui était encore actif.

Louvre 02

Surnommé Aglaé, cet équipement de pointe bombarde les œuvres d'art de protons pour en déterminer la composition chimique de manière non destructive. L'exposition aux rayonnements ionisants a provoqué un érythème, soit une rougeur cutanée équivalente à une brûlure du premier degré.

Comment un accident aussi grave a-t-il pu se produire ?

L'enquête de l'ASNR pointe une combinaison fatale de défaillances techniques et humaines. Un automate de sécurité, censé couper automatiquement le faisceau à l'ouverture de la porte de la salle d'analyse, a dysfonctionné. Aucun signal lumineux ou sonore n'a donc alerté l'opérateur du danger.

Aglaé Louvre

Mais l'autorité souligne surtout un problème organisationnel plus profond : un "manque de culture de radioprotection" au sein d'établissements où le personnel, expert en art ou en archéologie, n'est pas aussi sensibilisé aux risques nucléaires que des physiciens. La fatigue de fin de journée et le stress lié à la manipulation d'objets précieux et fragiles ont probablement contribué à une baisse de vigilance.

Quelles sont les conséquences et les mesures prises ?

Suite à l'incident, l'accélérateur Aglaé a été immédiatement mis à l'arrêt. Le redémarrage n'est pas prévu avant novembre 2025, et il est conditionné au feu vert de l'ASNR. L'inspection menée fin juillet a d'ailleurs révélé plusieurs autres manquements réglementaires : absence de registres, retards dans les contrôles, appareils de mesure défectueux...
accelerateur particules Louvre
Le C2RMF a engagé des mesures correctives pour renforcer drastiquement la sécurité, incluant une meilleure signalisation, des formations renforcées et des procédures plus strictes. Le restaurateur-archéologue, quant à lui, se porte bien mais reste sous suivi médical. Cet accident rappelle brutalement que même dans un lieu dédié à l'art, le risque technologique reste une réalité à ne jamais sous-estimer.

Foire Aux Questions (FAQ)

À quoi sert l'accélérateur de particules Aglaé ?

Aglaé (Accélérateur Grand Louvre d’analyses élémentaires) est un outil scientifique unique au monde, installé dans les sous-sols du Louvre. Il permet d'analyser la composition chimique précise des œuvres d'art et des objets archéologiques (pigments, métaux, céramiques) sans les endommager, en les bombardant d'un faisceau de particules.

Que signifie un incident de niveau 3 sur l'échelle INES ?

L'échelle INES (International Nuclear Event Scale) compte 7 niveaux. Un incident de niveau 3 est qualifié d'"incident grave". Il correspond généralement à une surexposition d'un travailleur dépassant dix fois la limite annuelle autorisée, entraînant des effets sur la santé comme des brûlures radiologiques. C'est un événement rare, surtout en dehors des installations nucléaires classiques.

La victime de l'irradiation est-elle en danger ?

Selon les autorités, le restaurateur-archéologue a subi une brûlure au premier degré et se porte bien. Il bénéficie d'un suivi médical pour surveiller toute évolution. Si les effets immédiats sont limités, l'exposition à des rayonnements ionisants nécessite toujours une surveillance sur le long terme.