L'espace terrestre proche est le lieu d'évolution de satellites militaires d'observation depuis des décennies mais avec la montée des tensions géopolitiques, les moyens se sont améliorés et il n'est plus seulement question de suivre des orbites définies.

Désormais, certains satellites sont capables de manoeuvres interobitales pour s'approcher de cibles afin de les observer, en écouter les communications et, peut-être plus tard, les neutraliser.

La Russie semble avoir développé de solides compétences en la matière et plusieurs de ses satellites ont été surpris en train de changer de trajectoire pour se rapprocher d'autres objets en orbite.

Luch Olymp-2, le satellite russe butineur

Le satellite espion russe Luch Olymp-2 s'est fait régulièrement remarquer depuis son lancement en 2023 pour ses manoeuvres surprenantes qui l'amène à proximité d'autres satellites, notamment des constellations de satellites de télécommunications Eutelsat, Intelsat et Astrasat. Il joue ainsi un rôle de satellite butineur qui collecte des informations sur les objets se trouvant à proximité.

C'est une véritable tournée des satellites Eutelsat qui se déroule depuis deux ans, avec des passages à quelques dizaines de kilomètres, en général assez loin pour ne pas déclencher d'alerte de collision mais suffisamment près pour observer la cible à l'aide de caméras ou en détecter les émissions de radiofréquences.

Luch Olymp-2, visiteur de satellites (credit : Slingshot Aerospace)

Il ne s'agit peut-être pas encore d'interception les communications de ces satellites mais au moins de déterminer sur quelles fréquences ils émettent et recevoir en vue de préparer des capacités de brouillage en cas de conflit.

Début mars, Luch Olymp-2 s'est encore fait remarquer en se positionnant à une cinquantaine de kilomètres du satellite Intelsat-39 le 6 mars dernier, selon des données de la firme française Aldoria, spécialisée dans le Space Awareness et le suivi de trajectoires de satellites.

Aldoria indique au journal Le Parisien que ce type de satellite assure essentiellement des communications civile et de la diffusion TV mais il peut à l'occasion transmettre des communications militaires sécurisées et c'est sans doute ce qui attire l'attention russe.

Luch Olymp-2 pourrait ainsi fournir de précieuses informations au système de brouillage russe Tobol capable d'affecter des satellites en identifiant finement les fréquences à perturber.

Les satellites manoeuvrants, prochaine donne spatiale

Prévenue, Intelsat indique suivre les déplacements de ces satellites butineurs à proximité des siens mais indique disposer de systèmes sécurisés de télémétrie et de commande empêchant leur prise de contrôle par des tiers.

Dans un cas au moins, lors de son passage à proximité du satellite Intelsat-1002, Luch Olymp-2 a frôlé sa cible en passant à moins de 5 kilomètres d'elle, au risque de générer une collision. Cette proximité plus agressive est peut-être liée à une observation directe par caméra des équipements du satellite.

(Credit : Aldoria)

La Russie n'est pas la seule à disposer de telles capacités. Les Etats-Unis et la Chine ont aussi des satellites butineurs qui font partie des nouvelles stratégies militaires spatiales.

La France n'exploite pas encore ces possibilités mais elle y travaille. Elle a récemment lancé une expérimentation Toutatis combinant un satellite d'observation (LISA-1) et un satellite actif (Splinter) pouvant manoeuvrer et réaliser des opérations à proximité d'un objet qui entrerait dans la zone spatiale française au-dessus du territoire.

Source : Le Parisien