Accrochez-vous, car la conquête spatiale vient de prendre un virage pour le moins spectaculaire ! La Chine et la Russie ont jeté un pavé dans la mare en dévoilant leur intention de collaborer pour installer une véritable centrale nucléaire sur notre satellite naturel d'ici à 2035. L'objectif ? Fournir l'énergie nécessaire à leur future Station Internationale de Recherche Lunaire (ILRS), un projet ambitieux qui verra d'abord des robots, puis des humains, s'établir près du pôle Sud lunaire. Ce n'est pas de la science-fiction, mais bien un pas de géant dans leur partenariat spatial, et un signal fort envoyé au reste du monde : la compétition pour la Lune est plus vive que jamais, alors même que l'administration Trump évoque des coupes dans le budget de la NASA.

L'ILRS : une base lunaire sino-russe aux grandes ambitions

C'est par un mémorandum signé entre Roscosmos, l'agence spatiale russe, et la CNSA, son homologue chinoise, que ce projet énergétique a été officialisé. L'ILRS, cette future base qui fait déjà beaucoup parler, est pensée pour être un avant-poste stratégique. Roscosmos a d'ailleurs précisé que “la station mènera des recherches spatiales fondamentales et testera des technologies pour des opérations non habitées à long terme de l'ILRS, avec la perspective d'une présence humaine sur la Lune.” Le plus fou dans tout ça ? La construction du réacteur nucléaire devrait se faire de manière totalement autonome, sans la moindre intervention humaine sur le sol lunaire. “Les étapes technologiques sont presque prêtes,” a même assuré Yury Borisov, le directeur général de Roscosmos. Forcément, ce projet d'ILRS se positionne comme un concurrent direct du programme Artemis, mené par la NASA et impliquant 55 pays. Un programme Artemis qui, soit dit en passant, accumule les retards et fait face à quelques incertitudes budgétaires. L'alliance sino-russe pour l'ILRS, elle, ne cesse de grandir : déjà 17 pays partenaires, dont l'Égypte, le Venezuela ou l'Afrique du Sud, ont rejoint l'aventure. Et avec le nouveau "Projet 555" de la Chine, qui vise à impliquer 50 pays, 500 instituts de recherche scientifique et 5000 chercheurs du monde entier, ce chiffre pourrait bien exploser.

Pourquoi diable installer du nucléaire sur la lune ?

L'un des casse-têtes majeurs pour vivre et travailler sur la Lune, c'est l'énergie. Le soleil, notre source d'énergie habituelle, n'y brille pas de manière constante, surtout dans les régions proches des cratères où des zones d'ombre permanente pourraient cacher de précieuses réserves de glace d'eau. Dans ces conditions, les batteries et les panneaux solaires, aussi performants soient-ils, risquent de ne pas suffire pour alimenter une base permanente et ses multiples activités. C'est là que l'énergie nucléaire entre en jeu. Si les États-Unis ont exploré cette voie avec le projet Kilopower de la NASA, c'est bien la Russie qui traîne derrière elle une longue histoire de systèmes nucléaires spatiaux, héritage de ses programmes satellitaires de l'époque de la Guerre Froide. Wu Weiren, le concepteur en chef du programme d'exploration lunaire chinois, ne s'y trompe pas : “La Russie a un avantage naturel en matière de centrales nucléaires, surtout pour les envoyer dans l'espace... Elle domine le monde, elle est en avance sur les États-Unis.” Et la Chine semble tout à fait prête à capitaliser sur cette expertise. Lors d'une récente présentation, un haut responsable de la CNSA a clairement listé l'énergie nucléaire comme partie intégrante du futur réseau énergétique de l'ILRS, aux côtés des panneaux solaires et d'infrastructures de distribution. Si ce projet aboutit, ce sera tout simplement le premier réacteur nucléaire jamais déployé sur un autre corps céleste, capable d'alimenter instruments de recherche, systèmes de chauffage, réseaux de communication et rovers explorant les terrains glacés de la Lune.

Une annonce aux forts relents géopolitiques et une course aux ressources engagée

Le moment choisi pour cette annonce fracassante n'a rien d'un hasard. Elle intervient alors que le programme Artemis américain connaît quelques turbulences, avec notamment une proposition budgétaire de l'administration Trump pour 2026 qui envisageait d'annuler la station orbitale lunaire Gateway, pierre angulaire d'Artemis. Pendant ce temps, le programme lunaire de la Chine avance à une vitesse impressionnante. On se souvient de la mission Chang'e-6 en 2024, qui a marqué l'histoire en rapportant les premiers échantillons de la face cachée de la Lune, une prouesse qualifiée par les médias d'État chinois de “fait sans précédent dans l'histoire de l'exploration lunaire humaine.” Et ce n'est pas fini : la mission Chang'e-8, prévue pour 2028, doit tester des technologies de construction autonome utilisant des briques imprimées en 3D à partir du sol lunaire, et pourrait même marquer le premier alunissage habité chinois. D'ici 2050, la Chine rêve d'un véritable réseau de bases lunaires. L'isolement progressif de la Russie sur la scène spatiale occidentale, suite à l'invasion de l'Ukraine en 2022, n'a fait que renforcer les liens avec Pékin. La Chine est devenue un partenaire critique, apportant non seulement un soutien politique mais aussi des capacités techniques. Liu Ying, une chercheuse de l'académie diplomatique du ministère chinois des Affaires étrangères, a même écrit que la Chine peut désormais “alléger la pression” sur la Russie et l'aider à “réaliser de nouvelles percées.” Cette alliance "sans limites" ne manque pas d'inquiéter certains observateurs. “La Lune devient un nouveau théâtre de compétition géopolitique,” a ainsi commenté un analyste européen. Car au-delà de la science, la Lune est suspectée de regorger de ressources précieuses – terres rares, régolithe riche en oxygène, et hélium-3, un carburant potentiel pour de futurs réacteurs à fusion. Et même si le Traité de l'espace de 1967 interdit toute appropriation nationale des corps célestes, la course à l'extraction des richesses lunaires ne fait que commencer.