La Chine ne perd pas de temps dans la conquête de la Lune. Le pays vient de valider un test clé de son atterrisseur lunaire Lanyue, destiné à transporter des astronautes sur la Lune avant la fin de la décennie.
Cette avancée technique s’inscrit dans une course effrénée à l’exploration lunaire, où chaque réussite compte et où l’écart avec la NASA se réduit à vue d’œil. Déjà détentrice de premières mondiales (poser un rover sur la face cachée, en ramener des échantillons de sol...), elle veut maintenant déployer un campement lunaire et si possible avant les Etats-Unis.
Un test décisif dans la course à la Lune
Mercredi, au centre de tests de Huailai, dans la province du Hebei, la Chine a réalisé une simulation grandeur nature des conditions lunaires pour son prototype Lanyue Lanyue.
Cet appareil a été soumis à une évaluation exhaustive : descente, atterrissage, redécollage, gestion du guidage et de la propulsion, tout a minutieusement été observé.
Les essais ont été réalisés sur un terrain spécialement conçu pour reproduire la topographie et la réflectivité du sol lunaire, avec roches et cratères pour pousser l’engin dans ses retranchements.
“Le test portait sur différents scénarios opérationnels et intégrait une durée prolongée ainsi qu’une grande complexité technique, ce qui marque une étape majeure dans le programme d’exploration lunaire habitée chinois”, explique l’agence spatiale nationale.
Lanyue s’appuie sur un système de descente et d’ascension conçu pour “un atterrissage confortable et sûr” pour ses passagers grâce à ses quatre pieds. Ce test marque la toute première fois que la Chine évalue les capacités de son appareil pour atterrir et décoller depuis une surface extraterrestre avec une équipe à bord.
Lanyue : plus qu’un simple atterrisseur
Le nouveau véhicule Lanyue, qui signifie “embrasser la Lune” en mandarin, embarquera deux astronautes (aussi appelés taïkonautes) depuis l’orbite lunaire vers la surface.
Mais ses fonctions vont bien plus loin. Pendant leur séjour, il servira à la fois de centre de vie, d’alimentation énergétique, de relais de communication et de centre de données.
Les images diffusées montrent un rover lunaire fixé sur le côté et porteur d'instruments scientifiques ainsi qu'une échelle permettant aux astronautes de descendre sur le sol lunaire.
Vers une mission habitée en 2030 : une ambition assumée
Ce test intervient alors que la Chine avance méthodiquement vers son objectif : déposer ses premiers astronautes sur la Lune avant 2030.
Pour mener à bien cette expédition, le pays prévoit une architecture spécifique : deux fusées Longue Marche 10 partiront de la base spatiale de Wenchang, envoyant le vaisseau habité Mengzhou et l’atterrisseur Lanyue en orbite lunaire.
Après leur rendez-vous, deux taïkonautes embarqueront dans l’atterrisseur qui filera vers le sol lunaire grâce à une procédure de descente assistée par moteurs. Durant leur présence, ils exploreront la surface à l’aide du rover Tansuo et réaliseront des expériences scientifiques, avant d’effectuer un retour sécurisé vers la Terre.
Au-delà des prouesses techniques, cette mission s'inscrit dans une compétition désormais ouverte avec les États-Unis et leur programme Artemis, qui devraient réaliser leur retour sur la Lune (Artemis 3) vers 2027, après un tour de la capsule Orion habitée autour de la Lune (Artemis 2 en 2026).
La réussite chinoise renforcerait son image et sa position face à ses rivaux, mais aussi sa capacité à tenir ses délais. La Chine envisage déjà un “modèle de base” de station lunaire internationale (ILRS) dès 2035, en collaboration, entre autres, avec la Russie. “La Chine serait alors le second pays à avoir déposé des humains sur la Lune, une prouesse qui changerait le paysage de la conquête spatiale mondiale”.
Un programme structuré et un entraînement intensif
Pour concrétiser sa mission habitée sur la Lune, la Chine investit massivement dans chaque volet du projet : infrastructures, matériel, entraînement.
Les principaux éléments sont en phase avancée de développement : la fusée Longue Marche 10, le vaisseau Mengzhou, l’atterrisseur Lanyue, le rover Tansuo et même la combinaison spatiale Wangyu. Des installations spécialement conçues pour la simulation de la gravité lunaire et du terrain accidenté accélèrent la validation des équipements.
L'agence spatiale chinoise entraîne enfin ses astronautes en prévision de cet événement majeur qui ouvre la voie à une exploitation des richesses de la Lune tout en préparant des occupations de planètes plus lointaines.