Une nouvelle étude révèle que la majorité des glissements de terrain lunaires récents sont dus à des séismes internes, et non aux impacts de météorites. Cette découverte majeure impose une réévaluation cruciale des risques pour les futures missions humaines et la construction de bases permanentes.

Pendant des décennies, le débat scientifique a fait rage pour déterminer l'origine des éboulements qui sculptent le paysage lunaire. Les hypothèses pointaient vers trois coupables potentiels : les impacts de météorites, l'altération thermique des roches due aux variations extrêmes de température, ou l'activité sismique interne, les fameux "moonquakes". Faute de données suffisantes sur les phénomènes actifs, le mystère restait entier.

L'enquête qui change la donne

Une équipe de recherche internationale, dirigée par le professeur Zhiyong Xiao de l'Université Sun Yat-sen, vient de livrer un verdict qui bouscule les certitudes. En analysant méticuleusement 562 paires d'images à haute résolution couvrant 74 sites répartis sur toute la surface lunaire entre 2009 et 2024, les scientifiques ont mis en lumière une réalité surprenante. Ils ont identifié 41 nouveaux glissements de terrain, de modestes avalanches de régolithe de moins d'un kilomètre de long.

Lune

Le résultat est sans appel : seuls 29 % de ces événements peuvent être vaguement liés à de nouveaux impacts. Fait encore plus troublant, plus de 2000 nouveaux cratères ont été recensés sur la même période sans provoquer d'éboulements notables à proximité, même pour des impacts mesurant jusqu'à 75 mètres de diamètre.

La conclusion s'impose : les impacts ne sont pas un moteur efficace des glissements de terrain actuels. En revanche, 71 % des éboulements n'ont aucune autre explication plausible que des secousses internes, confirmant que le cœur de la Lune abrite encore des zones en fusion.

Le bassin Imbrium, un point chaud sismique ?

L'étude révèle également que ces glissements de terrain ne sont pas répartis au hasard. Une majorité d'entre eux se concentre dans une région bien précise : l'est du bassin Imbrium.

Or, cette zone est déjà connue pour être le siège de séismes de faible profondeur, enregistrés en leur temps par les sismomètres déposés lors des missions Apollo. Cette corrélation suggère fortement que le bassin Imbrium est une zone sismique encore active aujourd'hui.

Exploitation Lune 03

Cette découverte offre un outil inattendu aux scientifiques. La distribution des activités sismiques et des glissements de terrain qui en découlent pourrait servir de d'indicateurs pour cartographier les zones de failles actives.

La méthode est bien plus simple que de devoir déployer un vaste réseau de sismomètres sur l'ensemble du globe lunaire, qui permettrait de mieux comprendre la dynamique interne de notre satellite.

Quelles conséquences pour les missions Artemis ?

Cette vision d'une Lune active a des implications directes et très concrètes pour l'avenir de l'exploration spatiale. Alors que le programme Artemis de la NASA ambitionne d'établir une présence humaine durable sur la Lune, la notion de géorisque prend une nouvelle dimension.

Des travaux menés par des chercheurs comme Thomas R. Watters et Nicholas Schmerr sur le site d'atterrissage d'Apollo 17 ont corroboré cette menace, liant d'anciennes chutes de rochers à l'activité de la faille Lee-Lincoln.

Si le risque d'un séisme majeur un jour donné reste faible, il devient non négligeable sur la durée d'une mission de plusieurs années ou pour une base permanente. Les futures infrastructures, notamment les atterrisseurs de grande hauteur comme le Starship, pourraient être vulnérables aux secousses du sol.

L'activité interne lunaire impose donc une nouvelle contrainte : il faudra éviter de construire à proximité des escarpements de failles actives. Le choix des futurs sites d'alunissage devra impérativement intégrer cette cartographie des risques pour garantir la sécurité des astronautes et la pérennité des installations.