Après un demi-siècle d’absence humaine dans l’orbite lunaire, la NASA s’apprête à faire revenir un équipage autour de notre satellite naturel : quatre astronautes embarqueront à bord d'une capsule Orion pour un périple autour de la Lune, lors de la mission Artemis II .
Si l'agence spatiale américaine voulait aller vite, les difficultés techniques et les contraintes budgétaires ont décalé les calendriers initiaux. Mais face aux ambitions spatiales chinoises, il faut tout de même jouer la montre. La NASA donne donc une fenêtre précise pour Artemis II, prévue dès le 5 février 2026, si toute la chaîne technique est jugée prête.
Vers une renaissance de l’exploration lunaire
La mission Artemis II incarne un tournant historique dans la conquête spatiale. L’agence américaine prévoit un vol de dix jours, où Reid Wiseman, Victor Glover, Christina Koch et Jeremy Hansen de l’Agence spatiale canadienne réaliseront un tour complet de la Lune sans toucher sa surface.
Ce sera le premier vol habité au-delà de l’orbite terrestre basse depuis Apollo 17 en 1972. "Nous avons tous un siège au premier rang pour l’histoire", a déclaré Lakiesha Hawkins, responsable associée à la NASA, soulignant la portée symbolique de ce vol.
Ce vol fait suite à Artemis I, durant lequel la capsule Orion a fait le tour de la Lune à vide, et préfigure Artemis III, dont le but affiché est de faire poser des humains près du pôle sud lunaire en 2027.
De son côté, la Chine prépare plusieurs missions Chang'e-7 et Chang'e-8 à destination de la Lune et qui vont préparer l'établissement d'une base lunaire ILRS (International Lunar Research Station) durant la prochaine décennie. Les premiers taikonautes foulant le sol lunaire ne sont plus très loin.
Défis techniques et innovations au service de la sécurité
Le programme Artemis repose sur le duo technologique formé par la fusée lourde SLS (Space Launch System) et la capsule spatiale Orion. Les étapes de préparation sont minutieuses au Kennedy Space Center : tous les éléments sont empilés et prêts à être assemblés, avant un test final appelé « wet dress rehearsal ». Ce test consiste à remplir les étages de carburant et simuler le compte à rebours jusqu’à T-29 secondes.
Le passé n’est pas oublié : le premier vol Artemis, réalisé en 2022 sans équipage, a révélé un problème imprévu sur le bouclier thermique d’Orion. Pendant la rentrée atmosphérique, des morceaux carbonisés se sont détachés, amenant deux ans d’enquêtes et d’adaptations.
"Je fais totalement confiance à nos ingénieurs", affirme Rick Henfling, directeur du vol de rentrée, rassurant sur les modifications apportées à la trajectoire pour que le phénomène ne se reproduise pas.
Pour Artemis II, la priorité reste la sécurité. Les équipes ont revu les procédures de remplissage du SLS pour limiter les risques de fuite d’hydrogène, un souci qui avait retardé Artemis I. Les astronautes et le vaisseau devront valider l’ensemble des systèmes pendant 25 heures en orbite terrestre avant le grand saut vers la Lune.
Un laboratoire humain et scientifique dans l’espace profond
Une fois propulsés vers la Lune, les membres d’équipage Artemis II entreront dans une phase d’expérimentation active. Le vaisseau Orion sera leur « maison » durant l’aller-retour spatial, soit près de 8 jours.
Parmi les objectifs : observer comment le corps humain réagit au voyage spatial, loin de l’influence de la gravité terrestre et exposé aux radiations cosmiques. Des échantillons sanguins, transformés en organoïdes, feront l’objet d’analyses approfondies avant et après la mission.
L’expérience ne se résume pas à des tests médicaux. Les astronautes réaliseront une « space ballet » en manœuvrant manuellement le vaisseau pour simuler des procédures de rendez-vous avec un module lunaire, étape cruciale pour de futurs alunissages.
Qu’est-ce qui attend l’équipage au retour ?
Le retour sur Terre constitue l’étape la plus risquée. Après avoir dépassé la Lune de plus de 9 000 km, Orion utilisera la gravité terrestre pour revenir. À l’approche de notre planète, le module de service se détachera et les astronautes entameront la dangereuse phase de rentrée atmosphérique, protégés par le nouveau bouclier thermique avant d’amerrir au large de la Californie.
La réussite d’Artemis II conditionnera le calendrier de la mission suivante, Artemis III, censée voir des Américains fouler de nouveau la surface lunaire. Mais les experts tempèrent : la date de 2027 est jugée optimiste, l’adaptation du vaisseau Starship de SpaceX restant un défi non négligeable.