La start-up U-Space a sélectionné le mini-lanceur MaiaSpace pour la mise en orbite de la mission de défense Toutatis. Prévu pour 2027, ce vol de démonstration orchestré par la DGA (Direction Générale de l'Armement) et l'Agence de l'Innovation de Défense vise à tester des capacités de manœuvre en orbite basse. Une étape clé pour la souveraineté spatiale française.
Dans un contexte de densification de l'orbite terrestre, la France accélère le déploiement de sa stratégie ARES. L'annonce, officialisée lors du Forum Innovation Défense, confirme la volonté de la Direction Générale de l'Armement (DGA) de s'appuyer sur des acteurs agiles du New Space pour valider ses capacités d'action.
Ce choix industriel marque une étape décisive pour la structuration de la filière tricolore, visant à assurer une autonomie d'accès et de manœuvre dans l'espace.
Une démonstration de force en orbite basse
La mission repose sur un tandem complexe formé par deux satellites distincts : un éclaireur nommé Lisa-1 et un engin d'action baptisé Splinter. Ce scénario de « chat et souris » prévoit que Splinter effectue des manœuvres d'approche et d'inspection autour de Lisa-1, qui surveillera la scène. Cette chorégraphie orbitale nécessite une précision absolue pour valider les concepts d'opérations de proximité.
L'objectif est de permettre aux opérateurs du Commandement de l’Espace d'acquérir une expérience concrète face à d'éventuelles actions hostiles. En maîtrisant ces technologies, la France renforce sa crédibilité en matière de défense spatiale active.
Cette expérimentation préfigure les futurs systèmes opérationnels, comme le programme EGIDE attendu à l'horizon 2030, destinés à protéger les intérêts nationaux face aux menaces émergentes.
Le choix stratégique du lanceur Maia
Pour placer ce duo en orbite, U-Space s'est tourné vers MaiaSpace, la filiale autonome d'ArianeGroup. Ce choix valide la pertinence du modèle de mini-lanceur développé par l'entreprise, qui promet une flexibilité accrue et des coûts maîtrisés.
La fusée, conçue pour être partiellement réutilisable, doit réaliser son vol inaugural fin 2026 avant d'entamer sa phase commerciale.
Le décollage est prévu depuis le Centre spatial guyanais, en réutilisant l'ancien pas de tir des fusées Soyouz, actuellement en cours d'adaptation. L'utilisation d'un lanceur réutilisable européen pour une mission institutionnelle aussi critique envoie un signal fort sur la capacité de l'Europe à combler son retard technologique face aux Etats-Unis (SpaceX) et bientôt à la Chine (plusieurs entreprises finalisent leur lanceur réutilisable).
La mission de 2027 servira de test grandeur nature pour ce vecteur, dont le premier étage devra, à terme, revenir se poser sur une barge en mer au large de la Guyane.
Les enjeux industriels et technologiques
Au-delà du lancement, le programme Toutatis mobilise un écosystème d'innovation pointu. La propulsion des engins sera assurée en partie par la start-up ION-X et ses propulseurs ioniques, tandis que MBDA fournit une charge utile expérimentale.
Cette agrégation de compétences illustre la maturité de la démonstration technologique française, capable de fédérer grands groupes et jeunes pousses autour d'un objectif militaire commun.
La réussite de cette mission pourrait consolider la position de MaiaSpace dans la compétition européenne des micro-lanceurs. Alors que l'Agence spatiale européenne stimule la concurrence, prouver sa fiabilité sur un vol de souveraineté est un atout majeur.
Si le calendrier est tenu, cela confirmera que l'approche « test and learn » adoptée par les nouveaux industriels est la bonne voie pour garantir l'avenir de la filière européenne.