Tandis que l'Europe s'efforce de garantir et de décarboniser ses sources d'énergie, une réponse se profile de l'autre bord de la Méditerranée. Le Maroc, qui bénéficie d'un potentiel exceptionnel en termes d'énergie solaire et éolienne, a proclamé la transition énergétique comme un enjeu national majeur.

Élevée au plus haut niveau gouvernemental et représentée par des personnalités comme Leila Benali (Transition Énergétique) et Ryad Mezzour (Industrie), cette démarche ne cherche pas seulement à garantir l'indépendance énergétique du pays, mais aussi à établir sa place en tant qu'exportateur clé d'énergie verte vers l'Europe.

Quelle est la démarche adoptée par le Maroc pour s'affirmer comme une puissance énergétique majeure ?

La perspective marocaine ne s'appuie pas sur des engagements vains, mais sur une organisation structurée et une mobilisation de l'ensemble de l'écosystème. La feuille de route, récemment revue pour correspondre aux Accords de Paris et aux objectifs de l'ONU, est fondée sur la stratégie nationale de développement durable. Le renforcement de la gouvernance s'est notamment opéré à travers le Cluster ENR (Énergies Renouvelables), qui regroupe des acteurs industriels, des institutions financières et des centres de recherche dans le but d'accélérer la mise en œuvre de projets tangibles.

Panneaux solaires

L'État met en œuvre des programmes de qualification environnementale, améliore la qualité de l'air en réduisant les émissions industrielles et mise sur des projets pilotes innovants pour développer une véritable économie verte, créatrice d'emplois durables.

Des projets concrets sont-ils déjà sur les rails ?

Oui, et ils sont titanesques. Le projet le plus emblématique est sans doute le Sila Atlantic, porté par la société Xlinks. Il s'agit de construire le plus long câble électrique sous-marin au monde, reliant sur 4 800 kilomètres le Maroc à l'Allemagne. L'objectif : acheminer 26 térawattheures d'électricité verte par an, soit environ 5% de la consommation électrique allemande, à un coût très compétitif.

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Le principal atout du Maroc réside dans son ensoleillement exceptionnel (près de 360 jours par an), qui garantit une production solaire fiable et prévisible, réduisant ainsi les besoins en stockage coûteux. Ce projet, s'il aboutit, pourrait servir de modèle pour d'autres liaisons énergétiques entre l'Afrique du Nord et l'Europe.

Le Maroc a-t-il vraiment le potentiel de couvrir 50% des besoins européens ?

L'affirmation, portée par le ministre de l'Industrie Ryad Mezzour, peut sembler démesurée, mais elle illustre l'ampleur du potentiel marocain. Selon lui, le Maroc serait capable de mobiliser entre 1 600 et 1 700 TWh d'énergie renouvelable, soit la moitié des 3 000 TWh consommés annuellement par l'Union Européenne. Au-delà du solaire et de l'éolien, le pays mise énormément sur l'hydrogène vert, attirant déjà de nombreux investisseurs internationaux.

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Cette abondance d'énergie propre est également perçue comme la solution au stress hydrique du pays, en alimentant les usines de dessalement et les systèmes de transfert d'eau. Si les défis logistiques et financiers restent immenses, cette vision positionne clairement le Maroc comme un partenaire stratégique incontournable pour la transition énergétique européenne.

Foire Aux Questions (FAQ)

Quels types d'énergies renouvelables le Maroc développe-t-il ?

Le Maroc mise principalement sur deux axes majeurs : l'énergie solaire, grâce à son ensoleillement exceptionnel, et l'énergie éolienne (terrestre et offshore). En parallèle, le pays investit massivement dans le développement de la filière de l'hydrogène vert, considéré comme un vecteur énergétique clé pour l'avenir.

Le projet de câble sous-marin Sila Atlantic est-il le seul de ce type ?

Non, Sila Atlantic est présenté comme une alternative au projet initial de Xlinks qui visait à relier le Maroc au Royaume-Uni. Bien que ce premier projet ait été rejeté par le gouvernement britannique, l'idée de câbles sous-marins à très haute tension pour exporter l'énergie nord-africaine vers l'Europe reste une tendance de fond, illustrant la nouvelle géopolitique de l'énergie.

Quels sont les principaux défis pour que cette ambition devienne réalité ?

Les défis sont colossaux. Il faudra mobiliser des investissements de plusieurs dizaines, voire centaines de milliards d'euros. Sur le plan technique, la construction et la maintenance de câbles sous-marins sur des milliers de kilomètres sont des prouesses d'ingénierie. Enfin, un cadre politique et législatif stable et sécurisé entre le Maroc et l'Union Européenne sera indispensable pour garantir la viabilité de ces projets à très long terme.