Des scientifiques de l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie* et du laboratoire Atmosphères et observations spatiales** ont analysé plus de 28 heures d'enregistrements audio capturés par le rover Perseverance. D'après leurs conclusions publiées dans la revue Nature : l'atmosphère martienne est électriquement active.

Comment ces sons ont-ils été capturés ?

Au cœur de cette découverte se trouve l'instrument SuperCam, dont le micro, initialement conçu pour analyser la composition des roches par ablation laser, écoute quotidiennement les sons de la planète rouge.

C'est en passant à travers deux tourbillons de poussière (dust devils) que le rover a enregistré 55 signaux distincts. Ces enregistrements se caractérisent par un bip électronique soudain, suivi d'un craquement sec, décrit par le coauteur de l'étude Ralph Lorenz comme un claquement d'étincelle ou de fouet.

Sept de ces événements ont même capturé le micro-tonnerre associé, une onde de choc acoustique provoquée par l'échauffement de l'air ambiant.

Dust devil sur Mars

Quelle est l'origine de cette foudre martienne ?

Le phénomène à l'œuvre est la triboélectricité. Sur Mars, le frottement des grains de poussière soulevés par les vents violents génère une accumulation de charges électrostatiques. L'atmosphère martienne, extrêmement ténue et composée majoritairement de dioxyde de carbone, facilite la libération des charges.

Ainsi, une quantité de charges bien plus faible que sur Terre suffit à créer des décharges électriques sous forme d'arcs longs de quelques centimètres. Il ne s'agit donc pas d'éclairs spectaculaires.

Quelles sont les implications d'une telle découverte ?

La confirmation de ces décharges modifie la compréhension de la planète rouge. Ces phénomènes électriques pourraient jouer un rôle clé dans la chimie atmosphérique, notamment en accélérant la formation de composés oxydants capables de détruire les molécules organiques en surface. Cela pourrait expliquer la disparition rapide du méthane.

Par ailleurs, ces décharges représentent un risque non négligeable pour les équipements électroniques du rover Perseverance et des futures missions habitées.

Comme le souligne Baptiste Chide, auteur principal de l'étude, la découverte ouvre un champ d'investigation et motive le développement de nouveaux modèles pour intégrer ces phénomènes et leurs conséquences.

* CNES/CNRS/Université de Toulouse.
** CNRS/Sorbonne Université/Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.

Source : CNRS