C'est le supplément "naturel" que des millions de personnes consomment pour dormir. Mais la mélatonine, dont l'usage a quintuplé en 20 ans, pourrait être une bombe à retardement.
Une étude, présentée à l'AHA 2025, tire la sonnette d'alarme. L'analyse, portant sur plus de 130 000 adultes, est frappante : les utilisateurs à long terme (plus d'un an) voient leur risque de défaillance cardiaque augmenter de 90% (HR 1.89) sur cinq ans. L'hospitalisation pour ce motif triple, et la mortalité toutes causes confondues double.
D'où vient cette étude et que dit-elle exactement ?
L'étude, menée par le Dr Ekenedilichukwu Nnadi, a utilisé la base de données TriNetX. Les chercheurs ont comparé 65 414 utilisateurs de mélatonine (prescrite pour insomnie, prise > 1 an) à 65 414 non-utilisateurs aux profils de santé similaires. Les résultats sur le risque de défaillance cardiaque sont nets.
Le Dr Sanjay Bhojraj, un cardiologue californien, martèle le message : ce n'est pas parce que la mélatonine est "naturelle" qu'elle est inoffensive. C'est une hormone puissante qui affecte tout le système.
Pourquoi cette hormone est-elle si problématique ?
Le Dr Bhojraj l'explique : la plupart des gens n'ont pas une carence en mélatonine, ils ont un problème de rythme. Prendre un supplément externe perturbe le cycle circadien.
Cela altère la signalisation hormonale et, pire, réduit la capacité du corps à produire sa propre mélatonine. Le cerveau, le cœur, les mitochondries... tout le système repose sur un timing hormonal précis. Dérégler les hormones revient à perturber l'orchestre.
Faut-il donc jeter sa mélatonine ?
Pas de panique, mais de la prudence. Les experts (cités par le Time et ScienceAlert) soulignent que l'étude est préliminaire et n'a pas encore été revue par les pairs. Elle montre une association, pas une causalité.
Le piège est là : l'insomnie chronique, qui pousse les gens à prendre de la mélatonine, est déjà un facteur de risque de défaillance cardiaque. Il se pourrait que le supplément soit un marqueur de risque, et non la cause directe.
De plus, l'impact de cette hormone sur le cerveau des enfants, la puberté et le système immunitaire reste une inconnue majeure qui inquiète les pédiatres.
Quelle est l'alternative ?
La plupart des médecins s'accordent : la mélatonine ne devrait pas être un traitement de première ligne pour l'insomnie. La solution actuellement idéale est la thérapie comportementale et cognitive (TCC-I).
Elle vise à corriger les habitudes et les anxiétés liées au sommeil, pas à masquer le symptôme avec une pilule. Au lieu de dérégler l'horloge interne, la TCC-I la répare durablement.
Foire Aux Questions (FAQ)
La mélatonine est-elle dangereuse ?
L'étude montre un risque accru de 90% de défaillance cardiaque pour une utilisation de plus d'un an. Bien que ce soit une corrélation et non une cause prouvée, cela soulève des inquiétudes sur sa sécurité à long terme.
Qu'est-ce que la mélatonine ?
C'est une hormone naturelle produite par le cerveau (glande pinéale) qui gère le cycle veille-sommeil. En supplément, elle est souvent vue comme "naturelle", mais sa prise externe peut perturber les rythmes hormonaux du corps.
Que faire si je prends de la mélatonine ?
Les experts recommandent de ne pas l'utiliser à long terme sans avis médical. La meilleure approche pour l'insomnie chronique est la thérapie comportementale (TCC-I), qui corrige les habitudes de sommeil, plutôt qu'un traitement médicamenteux.