Dans le contexte de l'attentat d'Arras et du meurtre du professeur de lettres Dominique Bernard, le ministre de l'Intérieur a pointé du doigt les messageries chiffrées. Sur BFM TV, Gérald Darmanin a estimé qu'il est nécessaire de négocier avec les entreprises concernées pour la mise en place d'une porte dérobée.
" L'un des problèmes de nos services de renseignement, c'est le nouveau téléphone, ce sont les messageries cryptées ", a estimé Gérald Darmanin en citant Telegram, Signal et WhatsApp qui font partie des messageries avec du chiffrement de bout en bout.
" Beaucoup de gens les utilisent, y compris des gens qui sont malfaisants. […] On doit pouvoir dire Monsieur WhatsApp, Monsieur Telegram, je soupçonne que M. X va peut-être passer à l'acte, donnez-moi ses conversations. "
Aucune loi au monde ne le permet
Pour le ministre, le chiffrement d'applications de messagerie est devenu un argument de vente, et il souligne qu'aucune loi au monde ne prévoit pour l'instant aux plateformes d'imposer la création d'une porte dérobée. Il pourrait s'agir d'un accès secret pour les autorités, voire un affaiblissement de l'algorithme de chiffrement.
Sur la question des contenus pédopornographiques et de leur détection, l'Online Safety Bill au Royaume-Uni avait prévu d'obliger les opérateurs de messageries à analyser les échanges de leurs utilisateurs. C'est impossible avec le chiffrement de bout en bout.
En pratique et faute de solution technique satisfaisante, la disposition ne devrait pas être appliquée. Elle avait suscité diverses critiques, dont Apple qui y voyait une grave menace pour le chiffrement de bout en bout. WhatsApp (Meta) ou encore Signal avaient estimé qu'elle aboutirait à l'affaiblissement de la vie privée de milliards de personnes dans le monde.
L'infection par un sypware
À destination des forces de l'ordre, une porte dérobée pour les messageries chiffrées serait une faille de sécurité susceptible d'être découverte et exploitée par des cybercriminels ou autres. Pourtant, c'est une question qui revient inlassablement sur le devant de la scène.
Actuellement, d'autres moyens pour les autorités existent, comme l'implantation d'un spyware dans le but de surveiller l'activité d'un suspect.
" Si nous étions capables de dire à WhatsApp, à Signal, à Telegram, donnez-nous la conversation de cette personne parce qu'elle présente une menace, nous gagnerions énormément de temps ", assure Gérald Darmanin.