Le signal est pour le moins préoccupant : Meta, la maison mère de Facebook et Instagram, a décidé de mettre un terme à son programme de vérification des faits (fact-checking) sur le sol américain. La date est déjà fixée : mars 2025.
Cette décision stratégique déplace la charge de la preuve et de la modération sur les épaules des utilisateurs, à un moment où la désinformation, notamment sur les enjeux climatiques, n'a jamais été aussi virulente et organisée.
Pourquoi Meta abandonne-t-il le fact-checking ?
La firme de Mark Zuckerberg a officiellement annoncé qu'elle ne renouvellerait pas ses accords avec les organisations de vérification des faits basées aux États-Unis. Concrètement, Meta mettra fin à son programme de fact-checking et se tournera vers un modèle de modération communautaire, inspiré des "Community Notes" du réseau social X.
https://twitter.com/robbystarbuck/status/1780289109153505353
La responsabilité de signaler et de corriger les fausses informations reviendra donc directement aux utilisateurs. Si cette politique se limite pour l'instant aux États-Unis, elle marque un changement de cap radical qui pourrait avoir des répercussions mondiales, alors que d'autres régions comme l'Union européenne renforcent au contraire leur législation contre les fake news.
Quel est le risque principal pour l'information sur le climat ?
Le danger principal réside dans la vitesse de propagation de la désinformation climatique, qui sape la confiance du public dans la science établie. Une fois qu'une fausse information devient virale, elle est extrêmement difficile à corriger, un phénomène amplifié par les "AI slop", ces images trompeuses générées par intelligence artificielle qui inondent les réseaux lors de catastrophes naturelles.
https://twitter.com/robbystarbuck/status/1948200810112069932
Sans le filtre des vérificateurs professionnels, qui permettait de réduire la visibilité des contenus mensongers et d'y apposer des avertissements, le champ est libre pour que les théories les plus fantaisistes se répandent sans contrôle.
La nomination d'un climatosceptique est-elle un signal inquiétant ?
Comme si la situation n'était pas assez préoccupante, Meta a nommé Robby Starbuck, un activiste conservateur connu pour ses positions climatosceptiques, à un poste de conseiller sur les biais de l'intelligence artificielle. Cette nomination, qui serait le résultat d'un accord juridique, place un négationniste climatique en position d'influencer les algorithmes de l'une des plus grandes plateformes mondiales.
Le risque est évident : que l'IA de Meta soit entraînée à considérer les faits scientifiques sur le climat comme un "biais" politique à corriger, favorisant ainsi encore plus la diffusion de contenus trompeurs et mettant à mal les propres engagements de l'entreprise en matière de durabilité.
Foire Aux Questions (FAQ)
Ce changement de politique concerne-t-il aussi l'Europe ?
Non, pour le moment, l'arrêt du programme de vérification des faits annoncé par Meta ne concerne que les États-Unis. Dans l'Union européenne, des réglementations plus strictes comme le Digital Services Act (DSA) imposent aux plateformes des obligations en matière de modération de contenu.
La modération par les utilisateurs est-elle vraiment efficace ?
Les experts sont sceptiques. Si le "crowdsourcing" peut fonctionner pour des erreurs factuelles simples, il est peu probable qu'il puisse rivaliser avec des campagnes de désinformation organisées et financées. Les fausses informations se propagent souvent bien plus vite que les corrections apportées par la communauté.
Qui est Robby Starbuck, nommé conseiller chez Meta ?
Robby Starbuck est un activiste politique conservateur et une personnalité médiatique américaine. Il s'est fait connaître pour son opposition aux initiatives de diversité en entreprise et a publiquement nié le consensus scientifique sur le changement climatique d'origine humaine.