De nouveaux documents judiciaires accusent Meta d'avoir interrompu une étude interne, le Projet Mercury, après qu'elle a révélé un lien de cause à effet entre l'utilisation de Facebook et une dégradation de la santé mentale.
La firme aurait priorisé sa croissance au détriment de la sécurité de ses utilisateurs, dissimulant ces informations au public et aux autorités réglementaires.
Le géant des réseaux sociaux, Meta, se retrouve une nouvelle fois au cœur d'une tourmente judiciaire et médiatique. Des documents non expurgés, issus d'une plainte collective déposée par des districts scolaires américains contre plusieurs plateformes, mettent en lumière des pratiques internes troublantes.
Ces pièces du dossier suggèrent que l'entreprise de Mark Zuckerberg était non seulement consciente des risques de ses applications pour la santé mentale, mais qu'elle aurait activement choisi d'étouffer les recherches qui le démontraient.
Le Projet Mercury : l'étude qui dérange
Au centre des allégations se trouve une étude interne lancée en 2020, nom de code "Project Mercury". Menée en collaboration avec le réputé institut Nielsen, elle visait à évaluer les effets d'une désactivation temporaire de Facebook sur les individus.
Contre toute attente de l'entreprise, les premiers résultats se sont avérés sans équivoque : les participants ayant cessé d'utiliser le réseau social pendant une semaine seulement ont rapporté une diminution de leurs sentiments de dépression, d'anxiété et de solitude.
Face à ces conclusions qui établissaient un lien de causalité direct entre l'usage de ses produits et une dégradation du bien-être, Meta aurait pris une décision radicale.
Plutôt que de publier ou d'approfondir ces travaux, la direction aurait mis fin au projet, justifiant en interne que ces résultats étaient biaisés par le "récit médiatique existant" autour de l'entreprise.
Une dissimulation aux airs de scandale sanitaire ?
Cette décision de stopper la recherche a provoqué des remous en interne. Un membre du personnel aurait insisté sur la validité des conclusions, tandis qu'un autre, plus alarmiste, aurait tracé un parallèle dérangeant avec l'industrie du tabac.
Selon les documents judiciaires, cet employé se serait inquiété que le fait de taire ces informations s'apparente à "l'industrie du tabac faisant des recherches, sachant que les cigarettes étaient mauvaises, puis gardant cette information pour elle".
Cette accusation est d'autant plus grave que, selon la plainte, Meta aurait affirmé au Congrès américain ne pas être en mesure de quantifier les dommages de ses plateformes sur les adolescentes, alors même que ses propres études prouvaient le contraire.
La firme est donc accusée d'avoir sciemment dissimulé des informations cruciales pour protéger la santé de ses utilisateurs et son image publique.
Des accusations en cascade au-delà d'une seule étude
Le dossier à charge contre Meta ne s'arrête pas au Projet Mercury. Les plaignants allèguent que la société a intentionnellement conçu des fonctionnalités de sécurité pour les jeunes de manière à ce qu'elles soient inefficaces et peu utilisées, bloquant même des tests sur des outils de protection qui auraient pu nuire à la croissance de la plateforme.
D'autres documents révèlent des seuils de tolérance extrêmement élevés pour des comportements illicites, comme le trafic sexuel, où un utilisateur devait être signalé 17 fois avant d'être banni.
Le contrôle des contenus dangereux aurait ainsi été sacrifié sur l'autel de l'engagement. La défense de Meta, portée par son porte-parole Andy Stone, rejette ces allégations en bloc, les qualifiant de "citations triées sur le volet et d'opinions mal informées".
L'entreprise soutient que l'étude Mercury présentait des failles méthodologiques et met en avant plus d'une décennie d'efforts pour protéger les adolescents. Une audience est prévue le 26 janvier pour débattre de la publication de ces documents internes, une étape qui pourrait s'avérer décisive pour l'avenir de la procédure.